Ivan Calbérac ou l’équation d’une comédie populaire réussie
Cabourg est sous le charme de ce réalisateur qui est déjà venu présenter il y a quelques années son premier film Irène avec Cécile de France. Une semaine sur deux et son accueil plus que chaleureux du matin enchante Ivan Calbérac et son équipe. « C’était bouleversant pour moi. J’ai senti que la salle avait ri et pleuré en même temps. Les gens sont venus me dire combien ils étaient touchés par mon film et j’ai vécu ça comme un vrai cadeau! Quand l’humour et l’émotion fonctionnent, ça me touche profondément. »
Au cœur de cette intrigue le divorce et la façon dont les parents comme leurs enfants vont le ressentir. « C’est un sujet qui s’est vachement banalisé dans notre société et qu’on n’aborde plus tellement. Et en même temps, ce que vivent les enfants pour eux, c’est parfaitement ‘anormal’. Je voulais donc faire un film qui montre cette double ironie que vivent les parents comme les enfants. »
L’enjeu de cette comédie tendre et drôle, aux airs de La Boum ou de L’effrontée, résidait surtout dans le casting des enfants. « Pour l’héroïne, incarnée par Bertille Chabert, j’ai vu plein d’enfants et c’est finalement à Lyon que je l’ai découverte. Le petit garçon de huit ans est un petit miracle: non seulement il accroche la lumière mais en plus il sait vraiment jouer et dégage un vrai charisme. »
Le thème de l’adolescence d’aujourd’hui méritait un regard précis, et en même temps un point de vue qui soit plus drôle et plus tendre que la réalité. On est ici à des années lumières de LOL et de son héroïne de treize ans qui se comporte comme si elle en avait dix-huit bien sonnés. La jeune héroïne de Calbérac vit avec son temps et son mode de communication très riche (Internet, musique, vidéos, films, portables) mais conserve un comportement de vie peu mâture. Une maladresse qui touche le réalisateur.
Et pour donner la réplique à ces deux jeunes trublions, Calbérac a choisi Mathilde Seigner et Bernard Campan. Deux planètes différentes de comédiens. La première ne marche qu’à l’instinct, le second peaufine son rôle des semaines avant le tournage. « Une fois que Mathilde Seigner se sent en confiance, elle va tout donner lors du tournage, quitte à affiner après. Mathilde aime être surprise, au cinéma comme dans la vie. Elle cherche constamment la vérité de l’instant présent. Elle aime son personnage qui malgré son franc-parler a au fond d’elle quelque chose de très timide. »
Passionné de cinéma depuis tout petit, Ivan Calbérac a d’abord suivi de longues années d’études de mathématiques: « J’ai suivi ces études parce que faire du cinéma me semblait impossible, étant issu d’une famille qui n’était pas artiste. Mais lors d’une séance de courts métrages présentés à la fac, je me suis dit: « pourquoi ne pas tenter la même chose ? ». Et c’est ce que j’ai fait avec mon premier court que j’ai vendu à Canal Plus. Ensuite, il y a eu Irène que je pensais d’abord réaliser sous le format d’un moyen métrage. Mais mon producteur m’a convaincu de le réaliser en long métrage. On a alors parié sur Cécile de France qui n’était pas très connue à l’époque et ce film a remporté plein de prix ! »
Des mathématiques, Ivan Calbérac reconnaît avoir conservé l’esprit de discipline, une forme d’application qui le fait réécrire pendant des mois son scénario comme la préparation du tournage. Pour le moment, et avec le bel accueil du public de Cabourg, le réalisateur espère le 22 juillet prochain, une multiplication à l’infini du public estival…
Crédits photo: Mireille Ampilhac.