Hommage à la comédienne Marie-France Pisier, rencontre lors de la visite du musée Gaumont en octobre 2009


C’est avec beaucoup de tristesse que j’ai appris ce week-end la disparition de Marie-France Pisier, comédienne talentueuse, qui a travaillé avec les plus grands cinéastes de son époque (Truffaut, Ruiz, Oury). Dans cette visite guidée du Musée Gaumont, j’ai été frappée par la vive curiosité naturelle de l’actrice, sa gaieté discrète et sa passion de l’histoire du cinéma, dans ses moindres secrets.


C’est au troisième sous-sol du siège social de Gaumont à Neuilly que bien des trésors des premières années du cinéma sont religieusement conservés, dans ce « Musée Gaumont », créé il y a vingt ans.

Et pour nous accompagner, la comédienne Marie-France Pisier, heureuse de revoir les photos de ses films tournés avec la Gaumont (Les Soeurs Brontë, L’As des As): « Le plus drôle, c’est qu’avant L’As des As, je ne faisais pas tellement de films populaires et je me souviens très bien que le soir de la première journée d’exploitation du film, on dînait en compagnie de l’équipe du film, sur les Champs Elysées. Il y avait Oury, Belmondo. On trépignait en attendant les premiers chiffres du film. Et quand ceux-ci ont été murmurés à l’oreille de Belmondo, j’ai vu ce dernier, stupéfait et pleurer de joie comme un gosse. Je n’en revenais pas de voir ça ! Moi habituée à mes petits films d’auteur… »

La conservatrice du Musée, Corinne Faugeron, mutine, commente les nombreux trésors de son Musée, comme ce « chronomégaphone » qui date de 1906 et qui enregistre les airs d’opéras pour les ajouter aux images. La marguerite, sigle de la firme, a été choisie par Léon Gaumont, en hommage à sa mère Marguerite Dupanloup.

LES TRESORS DU TROISIEME SOUS-SOL

La conservatrice évoque pour nous en même temps qu’elle ouvre les nombreux tiroirs conservant les vieilles et immenses affiches de films, l’importance d’Alice Guy, première femme cinéaste et productrice chez Gaumont. Le mot d’ordre pour cette dernière chez Gaumont, filmer… après les heures de travail !

A cette époque les règles du septième art sont en gestation. Il n’y a pas de droits d’auteurs jusqu’à 1914, et les films sont tournés avec une vitesse et une dextérité impressionnante pour l’époque: par exemple, les films du cinéaste Jean Durand, en 1910, sont tournés et montés en pas moins de six jours. Le burlesque de ses comédies qui nécessitent un décor très lourd pour être ensuite complètement saboté par l’intrigue et ses personnages, faisait enrager Léon Gaumont!

L’un des temps forts de Gaumont c’est aussi la création du Gaumont Palace, à l’emplacement de l’ancien Hippodrome de Montmartre (un lieu d’exposition très important par sa taille) en 1930. Il contenait 6000 places avec un écran de 312 mètres carrés! Il sera malheureusement détruit en 1972. Le 12 octobre dernier, Gaumont nous invita également dans la grande salle de l’Auditorium du Musée d’Orsay à une soirée hommage au Gaumont Palace. Une série de vieux films des années 1910 a été ainsi projetée, accompagnée par le piano de Karol Beffa et les commentaires de Dominique Païni. L’occasion de découvrir un Paris du début du siècle très proche du nôtre finalement, avec toute la cocasserie des mouvements saccadés captés par la caméra de l’époque, l’humour et l’espièglerie de ces premiers cinéastes, ainsi que l’ingéniosité technique d’un certain Emile Cohl, père du dessin animé. Sans oublier des braves toutous qui se promenaient par là et dont le cinéaste n’avait pas l’idée de les chasser hors -champ!

Le fonds Gaumont en perpétuelle augmentation est constitué de 8000 affiches, 200 000 photos du muet à nos jours, d’articles de presse, de matériel publicitaire (y compris des mouchoirs pour la sortie d’un film à l’eau de rose sont créés dans les années trente!), de scénarii, de près de 200 appareils photographiques et cinématographiques fabriqués par la Gaumont à ses débuts; et aussi de dessins, plans de salles, décors, costumes, correspondances, dossiers de presse…

Amusée par la fantaisie et la modernité de certaines affiches comme celle de « Napoléon, Bébé et les Cosaques », Marie-France Pisier, qui repart avec une collection impressionnante de DVD sous le bras, nous offre la meilleure des conclusions: « on profite bien du présent quand on est au courant du passé! » Bonnes et nombreuses projections à vous, chère Gaby Delcourt! …

Coffret Films inédits de Marcel L’Herbier
L’Homme du large, El Dorado et autres films
Coffret 2 DVD, 29,99€
Sortie le 7 octobre 2009

Gaumont Le Cinéma Premier 1907-1916 volume 2
Emile Cohl, Jean Durand et autres réalisateurs pionniers

Edition Gaumont Vidéo, sortie le 15 octobre 2009
Coffrets 6 DVD, 59,99€

Musée Gaumont Morceaux choisis
Editions Gallimard
En librairie en novembre 2009
Prix prévisionnel: 25€

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