The Birds au Gate Theatre de Dublin

Tout le monde se souvient des terrifiants Oiseaux d’Hitchcock, inspirés de La romancière du suspense, Daphné du Maurier (Rebecca, Les Oiseaux, L’Auberge de la Jamaïque, etc.), british jusqu’au bout des ongles. Au célèbre Gate Theatre de Dublin, ils sont ressuscités grâce au talentueux metteur en scène dublinois, Conor Mc Pherson.


Comment représenter ces fameux et terrifiants oiseaux, omniprésents dans l’histoire sans sombrer dans le grandguinolesque ? C’est justement le tour de force de cette pièce qui, adaptée du roman, se concentre surtout sur l’angoisse éprouvée par les personnages, dans ce seul refuge que les oiseaux assassins ne peuvent atteindre temporairement.

Dès le lever du rideau, on est projeté dans le drame. L’héroïne (géniale Sinéad Cusack), romancière au caractère peu conciliant, s’est réfugiée dans cette maison de Cornouailles où elle s’empresse de barricader les fenêtres et les portes car le bruit des volatiles cognant contre les vitres est incessant.

ENTRE COURAGE ET ROUERIE, HAINE ET PASSION

Son compagnon d’infortune surgit en la présence de Nat, un homme rugueux au passé psychiatrique trouble. L’héroïne doit alors à la fois composer avec le danger permanent que représentent ces bruits d’oiseaux toujours plus féroces et cet homme fiévreux, violent au discours confus. Mais alors qu’une certaine complicité s’est nouée enfin entre les deux personnages, Julia, une belle et jeune rescapée, réclame l’asile.

La deuxième partie de la pièce, ne se contente plus de mettre en scène la dimension apocalyptique du récit mais brosse le portrait d’une relation triangulaire paranoïaque de plus en plus grandissante, où les jeux de pouvoirs conduisent au meurtre. Question de survie ? Non, le propos de cette pièce est plus cynique que cela.

Sur les planches du Gate Theatre déjà foulées par des comédiens chevronnés tels qu’Orson Welles, Ralph Fiennes ou Liam Neeson, le couple formé par Sinéad Cusack (à la ville, Mme Jeremy Irons) et Ciaran Hinds nous surprend par la complexité de sa composition.

Le caractère catastrophique de la situation oblige les comédiens à une ingénieuse mise à nu de leurs sentiments, entre courage et rouerie, haine et passion. Et jusqu’au bout, nos nerfs seront mis à rude épreuve! Si, si, jusqu’au bout!

Post A Comment