Avec Bright star de Jane Campion, Ben Whishaw, que les amateurs de théâtre londoniens suivent depuis déjà plusieurs années avec attention, après avoir campé un Jean-Baptiste Grenouille remarqué dans Le Parfum, histoire d’un meurtrier, (rôle décroché à la barbe de DiCaprio et Orlando Bloom) poursuit ici sa belle trajectoire d’étoile brillante dans le firmament cinématographique…


Point n’est besoin de se nommer Nostradamus pour prédire ce mois-ci un raz-de-marée émotionnel auprès de toutes les jeunes filles en fleurs de 2010 dignes de ce nom. Il faut dire que l’interprète principal de Bright star, Ben Whishaw illumine de son talent et de sa cinégénie le film en question.

Sur les conseils de Jane Campion, il compose un John Keats complexe, sorte de poète maudit et délicat (=so romantic, mesdemoiselles!) de manière très convaincante. La grande maturité de son personnage lui permet, en effet, de jouer sur plusieurs registres (la jeunesse, la passion amoureuse, la création artistique en ébullition, la maladie, l’angoisse de la pauvreté, etc.) Son regard est soutenu, parfois méditatif, à la manière d’un peintre. Il se penche alors sur la délicieuse Fanny Brawne (son interprète Abby Cornish a un faux air de Nicole Kidman!) qui aime jouer aux coquettes, et le voici envoûté, étrange figure solitaire pourtant.

Comme un instrument très précis qui pourrait jouer mille notes différentes, Ben Whishaw exprime sans forcément prendre la parole une multitude de sentiments contradictoires. Angoissé par son rôle dans Le Parfum où il ne prononçait quasi aucun mot pendant tout le film, Whishaw a demandé conseil à son partenaire Dustin Hoffman. Ce dernier ne se déparant pas de son légendaire humour lui a fait remarquer qu’il suffisait juste de jouer comme s’il était dans un film muet! « Très simple, en effet, merci Dustin ! »

Le roi des personnages introvertis

Voici comment Ben Whishaw est devenu le roi des personnages introvertis. Un diplôme de la prestigieuse école RADA (Royal Academy of Dramatic Art) en poche, il a composé en 2004 l’un des plus jeunes Hamlet de la scène londonienne avec succès, puis il s’est illustré à la télévision dans une série policière où il campait un jeune criminel dont on suivait le procès chaque semaine avec avidité.

Il est à présent courtisé par ses compatriotes comme par les studios hollywoodiens où il refuse cependant de mettre les pieds, préférant poursuivre ses projets de théâtre et mener tranquillement sa barque en Europe.

A bientôt trente ans, sa trajectoire d’étoile brillante se poursuit sûrement. On reverra bientôt, en effet, son étrange visage, beau et sombre à la fois, dans des films comme La Tempête (adapté de Shakespeare par Julie Taymor) ou Kill your darlings (un « film noir » où il campera à nouveau un rôle de meurtrier). Histoire de continuer de nous faire frissonner…

Bright star, actuellement en salles.