Critique théâtre : Tout le plaisir est pour nous (=>Je vous le confirme !)

Un appartement parisien courtisé par trois couples illégitimes le même soir: les portes vont claquer au Théâtre Rive Gauche! Dans cette comédie de boulevard enlevée à souhait, signée par deux auteurs champions du rire (Ray Cooney et John Chapman) Virginie Lemoine, Thierry Redler et Laurence Badie se démènent comme de beaux diables pour confirmer l’intitulé de cette soirée…


La rentrée théâtrale de janvier nous propose chaque année son lot de comédies de boulevard, pas toujours très fines, rarement rythmées. Mais ici c’est une belle surprise qui se joue tous les soirs au théâtre Rive Gauche.

Thierry Redler et Virginie Lemoine (des comédiens de théâtre chevronnés mais connus surtout du grand public pour leurs prestations télévisuelles) forment un couple d’éditeurs complètement dépassés par les événements. Dans cet imbroglio d’intrigues en tous genres, de portes qui claquent, de déshabillés en perpétuel mouvement, et de retrouvailles improbables, leurs deux personnages vont se trouver obliger de composer plusieurs rôles, avec un entrain toujours égal.
Ainsi Virginie Lemoine nous amuse follement avec son sens de l’adaptation tout terrain et son jeu délicieusement ironique. Thierry Redler lui rend la balle avec le même aplomb, composant un éditeur nounours, piqué de jalousie.

UN BOULEVARD MILLIMETRE

Autour d’eux, les personnages secondaires valent également leur pesant de cacahouètes. L’auteure à succès et vieille fille notoire est campée avec beaucoup d’humour et de rythme par Laurence Badie. Mais le piment de cette comédie vient peut-être aussi et surtout du comédien Sébastien Castro qui signe également l’adaptation de cette pièce. Avec sa voix très grave et sa dégaine improbable, il joue avec beaucoup de maestria un décorateur bisexuel très encombrant et fort pratique à la fois.

La réussite de cette pièce vient également de son écriture très rythmée. Pas le temps de voir défiler le chronomètre, tant on reste concentré sur cette intrigue, indescriptible au demeurant. Les volte-faces comiques sont incesssants, dans les situations comme dans les dialogues.
La pièce écrite et jouée pour la première fois dans les années 70 n’a pas pris une ride. Cet humour british corrosif fonctionne ici car bien adapté à ce microcosme parisien de l’édition. Une adaptation qui revisite les thématiques de la jalousie, de l’infidélité, de l’amitié ou de la vie de couple sans jamais s’apesantir.

Les décors sont judicieusement organisés pour ne pas gêner le jeu et le mouvement incessant des comédiens. Comment en effet mettre en scène autant de personnages sur un plateau aussi petit ? C’est un pari brillamment relevé par le metteur en scène qui a choisi de faire déplacer ses personnages dans un espace à la fois confiné et pourtant malicieusement compartimenté.

Comme un manège où les personnages s’emboitent dans un rythme tourbillonnant, les ménages mis en péril ici par la logique du rire tournent, tournent sans discréditer nos méninges! Un boulevard millimétré, puisqu’on vous le dit!…

One Comment

  • caro

    J’adore ton style !

Post A Comment