Grignan #4ème journée
C’est un peu dur de quitter le festival alors que celui-ci vient à peine de démarrer mais que voulez-vous, toutes les bonnes choses ont une fin. Dernier petit-déjeuner à l’hôtel de La Bastide où l’on a pu apprécier son calme, sa piscine mais aussi son délicieux petit-déjeuner.
A Grignan, je pars assister à la rencontre littéraire d’avec le journaliste Olivier Barrot. Ce dernier est un passionné de la littérature américaine. Il a réalisé notamment pour la télévision plusieurs émissions consacrées aux grands auteurs américains (Steinbeck, Fitzgerald, Hemingway, bien sûr mais aussi Horace McCoy, John Fante, James Ellroy…). Son enthousiasme pour la littérature est palpable. Il reste convaincu de la richesse actuelle de nos auteurs contemporains. « Nous n’avons simplement pas encore le recul pour en faire un panorama exact. »
A 12h30, dans le jardin du Mail, c’est la lecture de la correspondance de Raymond Chandler par un habitué de Grignan, le comédien Bruno Abraham-Kremer, très investi. Celui qui signe « Ray » à la fin de ses lettres livre ici ses impressions les plus intimes sur son travail de scénariste à Hollywood (avec notamment ses nombreux désaccords d’avec Hitchcock sur L’Inconnu du Nord-Express), son désenchantement vis-à-vis de ce statut, sa passion pour le roman noir, sa description détaillée de son personnage fétiche Philip Marlowe, mais aussi son effondrement psychologique à la mort de sa femme). Fervent défenseur du polar, Chandler insiste : « En Amérique, l’auteur de romans policiers est méprisé et traité en tâcheron inculte parce qu’il écrit des polars, au lieu d’écrire des balivernes à prétentions sociales. »
Dans la rue qui me mène à la cantine (dernière virée, hélas!), je croise le comédien Eric Ruf. Ce dernier se prépare à la lecture qui aura lieu (sans moi !) dans l’après-midi de la correspondance du philosophe Henry David Thoreau (1803-1882). Je fais jurer sur l’honneur à Eric Ruf (en fait je l’implore pathétiquement) de m’accorder un entretien à Paris à la rentrée. Ce dernier accepte, souriant, gentil, classe, tout simplement.
Je me retrouve à la table de mes amis d’Hunther Thompson et refais le monde une dernière fois. Allez, cette fois-ci je vais prendre un peu de rosé ! Dernière virée dans le marché aux livres de Grignan, derniers tweets aussi (je n’aurai pas chômé de ce côté-ci non plus, fin de l’auto-promotion).
Pour arriver à la gare de Montélimar, c’est un peu le suspense et l’équipée du Pony Express en même temps, tant la camionette remplie de voyageurs rentrant à Paris bringuebale à chaque tournant. Tout juste le temps de choper le TGV où je finis par m’effondrer, épuisée par toutes ces émotions…
Pour paraphraser Ernest Hemingway : « mon vieux, je vais me débiner en vitesse et te laisser seul avec ma lettre. »