Critique théâtre: L’Ecole des Femmes

C’est à la Cartoucherie de Vincennes que se donne en ce moment L’École des Femmes, revisitée par Philippe Adrien. L’occasion pour ce dernier d’y déployer sa lecture personnelle de Molière, d’inscrire cette comédie dans la mouvances de ses nombreuses « farces ». Un parti-pris bien risqué…

L’intrigue, évidemment que tout le monde la connaît! Y compris le jeune public, encadré par ses professeurs de français, qui vient ici chaque soir en masse. Arnolphe, cet homme âgé qui a fait élever la jeune Agnès à ses frais, en insistant bien pour qu’elle reste ignorante à souhait, désire à présent l’épouser. Un peu comme aujourd’hui, après de longues années de cotisations, nous désirons en toute légitimité toucher notre retraite.

Philippe Adrien choisit ici de déployer toute la machinerie de la farce pour illustrer ce récit. Il propose alors d’accentuer l’aspect nigaud des domestiques d’Arnolphe, mais également (à bien des égards) d’Agnès et de son jeune soupirant, en passant par le notaire, à l’étonnante pantomime, jusqu’à l’insertion de personnages mormons (!) à la toute fin de la pièce.

Le parti-pris d’en rire

C’est également dans un XIXème siècle éminemment bourgeois que Philippe Adrien plante son décor. Celui-ci est à la fois simple et ingénieux : il ne change pas vraiment d’un acte à l’autre mais il propose de nombreuses ouvertures, avec des comédiens qui jouent souvent en avant-scène, proches du public.

Il y a ainsi des propositions intéressantes et qui ont aussi le bénéfice de moderniser l’élocution du texte. On le reçoit ainsi beaucoup mieux et le jeune public rit souvent aux éclats. Philippe Adrien est parti du principe que Molière racontait de façon un peu autobiographique sa relation avec la jeune Armande Béjart et qu’il avait ici voulu en rire.

Il nous apparaît que malgré tout, ce n’est pas la seule volonté de Molière qui traite également de l’émancipation des femmes, du féminisme et de la manipulation des hommes à leur égard. C’est très osé de tirer de cette comédie dramatique une véritable œuvre farcesque.

Malgré d’excellents comédiens, on en ressort un peu « mi-figue, mi-raisin », à peine convaincus par tant « d’effets » qui tendent à tout ridiculiser… y compris la belle relation qui se noue, malgré tout, entre les jeunes amants.

L’Ecole des Femmes (Molière)
Mise en scène de Philippe Adrien
 
Avec Patrick Paroux,Valentine Galey, Pierre Lefebvre, Joanna Jianoux, Gilles Comode, Pierre Diot
Raphaël Almosni,Vladimir Ant
Décor :Jean Haas
Lumières : Pascal Sautelet assisté de Maëlle Payonne
Musique et son : Stéphanie Gibert
Costumes : Cidalia Da Costa
Maquillages : Sophie Niesseron
Collaboration artistique : Clément Poirée
Direction technique : Martine Belloc
Habillage : Émilie Lechevallier et Françoise Ody
 
Production: ARRT/Philippe Adrien, compagnie subventionnée par le ministère de la Culture, avec le soutien de l’Adami. En coréalisation avec le Théâtre de la Tempête
 
Du 13 septembre au 27 octobre 2013
Du mardi au samedi 20h, dimanche 16h
Durée : 2h
Tarifs : plein tarif 18€, tarifs réduits 15 € et 12€, mercredi tarif unique 12€
 
Théâtre de la Tempête
Cartoucherie,
Route du Champ-de-Manœuvre
75012 Paris
Réservation: 01 43 28 36 36
Billetterie en ligne : www.la-tempete.fr
Collectivités : Amandine Lesage : 01 43 28 36 36
 

Crédits Photo: Laura Mariani.

Post A Comment