Critique théâtre: Avanti
Réjouissons-nous en ces temps pluvieux de pouvoir nous réfugier au théâtre où le soleil et la romance à l’italienne sont aussi au programme. Je parle bien sûr d’Avanti, la nouvelle production du Théâtre des Bouffes Parisiens, ce charmant théâtre du 2ème arrondissement où l’on peut en même temps, côtoyer les fantômes d’Offenbach, de Cocteau, de Marais ou de Brialy. Dans Avanti, mise en scène par Steve Suissa, Francis Huster ne tarde pas à succomber aux charmes de Rome et de la délicieuse Ingrid Chauvin…
Quand le théâtre nous fait réfléchir, c’est très bien mais quand il nous distraie en nous séduisant, c’est encore mieux, je l’avoue. La pièce Avanti, a été écrite par Samuel Taylor il y a plusieurs décennies et adaptée au cinéma par Billy Wilder en 1972. Or ce qui frappe ici, c’est l’extrême modernité du texte et des situations. Pour l’anecdote, Samuel Taylor avait signé l’écriture du scénario de Sabrina (toujours réalisé par ce bon Billy Wilder, avec la gracieuse Audrey Hepburn) ou bien encore celui de Vertigo d’Alfred Hitchcock.
La pièce ayant été jouée à Broadway, pas étonnant que Steve Suissa développe ici, dans cette suite royale d’un palace romain, tout le glamour et l’élégance de la situation et s’entoure d’un casting tout aussi charmant. Francis Huster, « ce séducteur malgré lui », incarne Georges un businessman américain, pressé de transférer le corps de son père pour l’enterrer dans son respectable pays. Problème, le corps de son père est introuvable. Deuxième problème, son père est mort aux côtés d’une maîtresse inconnue, la mère de la ravissante Alison (Ingrid Chauvin). Troisième problème, c’est un improbable agent de l’ambassade américaine à Rome qui vient leur prêter main forte, il signor Baldo Pantaleone !
Thierry Lopez qui incarne avec panache ce personnage issu de la commedia dell’arte use de tous les subterfuges pour nous faire éclater de rire à tout bout de champ: accent romain caricatural, gestuelle bondissante, pas de danse parfaitement orchestrés, sourire à la boutonnière. Et bien sûr, cela fonctionne comme sur des roulettes.
Francis Huster est parfait en homme d’affaires tracassé par sa femme-furie et les aléas de la paperasserie italienne, qui de « don’t show your feelings » passablement énervé fond comme neige au soleil devant la très belle Ingrid Chauvin. Cette dernière n’est pas en reste, notamment quand son personnage se moque avec gaîté de son passé de mannequin, elle qui se rêve actrice hollywoodienne.
Et pendant que l’intrigue amoureuse se noue sous nos yeux (les histoires d’amour au théâtre sont finalement assez rares pour qu’on la savoure ici comme il se doit), les cadavres « del papa et della mamma » disparaissent et réapparaissent à volonté. On le sait bien, ils ne sont que le prétexte pour ponctuer cette idylle amoureuse bien fragile.
Avant de réserver une coûteuse escapade en amoureux à Rome, pourquoi ne pas passer par le Théâtre des Bouffes Parisiens ? Pendant 1h30, vous aurez tout: le soleil, l’amour, Rome, les fleurs, le rire et même du Paolo Conte…
Avanti De Samuel TAYLOR Adaptation de Dominique PIAT Mise en scène de Steve SUISSA Avec Francis HUSTER, Ingrid CHAUVIN, Thierry LOPEZ, Alice CAREL, Romain EMON, Toni LIBRIZZI Du mercredi au samedi à 21h – matinées le samedi à 16h et dimanche à 15h Théâtre des Bouffes Parisiens Réservation: http://www.bouffesparisiens.com/