Blood Ties: L’avant-première
C’est une version remaniée et officiellement définitive du nouveau film très attendu de Guillaume Canet, Blood Ties, qui nous a été proposée hier soir en avant-première au Gaumont Opéra, en présence de son réalisateur.
Il y a beaucoup de choses à dire sur Blood Ties, autant sur la façon dont ce film a été fabriqué que sur son résultat sur grand écran, très brillant, très époustoufflant, en fait. Après le succès et l’investissement des Petits Mouchoirs, le réalisateur et acteur s’est lancé un défi encore plus dingue : tourner aux US avec un casting américain, un remake du film Les Liens du sang de Jacques Maillot dans lequel il avait lui-même joué aux côtés de François Cluzet. « C’est le seul film que j’ai joué en tant qu’acteur et que j’aurai aimé réaliser. C’est parti de là, de cette envie de raconter une histoire forte qui se passerait dans le Brooklyn des années 70, de me référer à mes maîtres (Scorsese, Schatzberg, etc) ».
Epaulé par son fidèle producteur Alain Attal, Guillaume Canet se lance dans cette folle aventure qui va durer pas moins de trois ans. A Cannes, il rencontre James Gray qui le surprend en acceptant lui-même d’écrire avec lui le scénario en question : « une véritable aubaine car James a lui-même connu l’ambiance de ce Brooklyn- là », précise-t’il.
Autre tour de force, travailler à New York avec une équipe américaine. « J’avais emmené avec moi mon équipe de techniciens qui me suit sur tous mes films mais sur place, on m’a imposé des techniciens américains qui faisaient carrément doublons sur le plateau. Le contrat américain voulait cela : il fallait composer avec une nouvelle équipe, travailler en « professionnels » et non à l’affect, comme en France. Personne de l’équipe américaine n’avait lu le scénario, ça ne les intéressait pas plus que ça, en fait. Ils faisaient leur job, voilà tout. »
« Guillaume Canet, ce réalisateur cinéphile et … psychopathe »
Le tournage dure 42 jours, une durée très courte pour un film qui a tout de même nécessité une préparation importante. Mais qu’en est-il vraiment du film ?
Il faut bien l’avouer : le résultat est à la hauteur de l’enjeu. En adaptant cette thématique forte de l’ambivalence des relations flic-voyou entre ces deux frères que tout semble séparer, en l’ancrant dans cette culture américaine des années 70, l’histoire prend véritablement toute son ampleur dramatique.
Ce qui permet aux comédiens de « sortir la palette », comme on dit dans le jargon artistique, de déployer toute leur sensibilité pour incarner ces personnages terriblement tourmentés.
Parmi eux, il y a le charismatique Clive Owen qui apporte une vraie couleur à son personnage de voyou dur, capable de tirer de sang froid sur les gens et aspirant pourtant au fond de lui-même à une vie meilleure. Le personnage incarnée par Marion Cotillard vit également une véritable tragédie intérieure : « c’est une femme très amoureuse, complètement démunie et qui a sombré ». Billy Crudup et James Caan viennent compléter ce casting de roi avec leurs talents respectifs indéniables.
Il faut bien sûr aussi y voir la patte « James Gray » dans cette écriture dramatisée très riche et réaliste et qui développe aussi l’aspect melting-pot new-yorkais des années 70.
A l’image, le rendu de ce Brooklyn sali et grouillant de vie, avec ses voitures américaines de l’époque volontairement défraichies, est saisissant. Jusqu’au rythme, alternant action et moments plus ralentis, le film se construit avec beaucoup de justesse et de réflexion : « le charme de ces films qui sont pour moi des références, c’est justement la lenteur qu’ils peuvent prendre pour mettre en scène un échange de regards, une émotion. J’avais une vraie volonté d’obtenir à l’écran ce rythme-là, de salir les rues, de filmer des voitures usées comme dans le New York des années 70 », conclut le réalisateur que son producteur Alain Attal, présent à ses côtés lors de cette avant-première, a spontanément et humoristiquement qualifié de « réalisateur psychopathe »…
Blood Ties de Guillaume Canet
Sortie le 30 octobre 2013
Avec Clive Owen, Billy Crudup, James Caan, Marion Cotillard, Matthias Schoenaerts, etc.
Crédits photos: Mars Distribution.