Critique cinéma: Une promesse de Patrice Leconte
En adaptant la nouvelle de Stefan Zweig, Le Voyage dans le passé, Patrice Leconte a voulu se lancer lui-même un véritable challenge, ici qu’en partie relevé : à travers un travail incontestable sur le film d’époque et une direction d’acteurs anglais très sensible dans la langue de Shakespeare, Patrice Leconte s’éloigne de l’esprit très torturé de la nouvelle et propose un dénouement différent un peu bâclé.
Décors, costumes, direction d’acteurs, incontestablement Une Promesse n’est pas un petit téléfilm du samedi soir. L’histoire débutant en 1912 en Allemagne, dans cette Belle Epoque insouciante n’est pas pour nous déplaire.
Toutefois, il y a deux choses qui nous tarabustent dans cette adaptation de la nouvelle de Zweig : cette liberté de réécrire l’histoire et d’hélas en aseptiser sa fin et le cadrage qui nous semble trop fébrile tout au long du film. Voir une caméra tressauter ainsi trop fréquemment n’apporte rien à la dramatisation de l’ensemble.
Un sentiment d’inachevé
Tandis que Zweig axait son récit sur cette histoire d’amour racontée au présent au moment des retrouvailles de ces amants séparés pendant plus de neuf ans, Patrice Leconte choisir de mettre l’histoire à plat, de la raconter chronologiquement. Toute la force dramatique initiale, toute la réflexion sur la force du destin qui peut contrarier un grand amour ici perd sensiblement de son poids.
Les trois-quarts du film racontent ce passé de la romance bienheureuse tandis que seul le dernier quart semble soudain traiter de l’odieuse séparation du temps et des retrouvailles maladroites que Leconte choisit de clore brutalement par un happy end pas vraiment crédible.
Même si Leconte semble s’être amusé à recréer ce beau film d’époque avec de belles pointures du cinéma anglais (délicieuse Rebecca Hall, charismatique Alan Rickman), on ne peut toutefois le comparer aux films sophistiqués de James Ivory (Maurice, Retour à Howards End, Les Vestiges du Jour). Notre plaisir de goûter à ce « voyage dans le passé » en reste ainsi, hélas, insatisfait.
Une Promesse de Patrice Leconte Avec Rebecca Hall, Alan Rickman, Richard Madden Sortie le 16 avril 2012