Critique du roman Marcus
Avant de se suicider, Hélène la toxico, confie son fils Marcus, 12 ans, à son meilleur ami Pierrot. Ce dernier, 29 ans, ours mal léché n’a pas trop le choix. Contre toute attente, l’apprivoisement de ces deux êtres, brisés par la disparition d’Hélène, se passe bien. Mais par malchance, Pierrot va se retrouver pieds et poings liés dans une affaire d’homicide. Qu’adviendra-t’il de Marcus ?
L’auteur de ce roman compose un univers très riche avec son phrasé populaire à l’image de sa localisation (la banlieue de Lille). Ainsi les dialogues comme les descriptions font penser à Michel Audiard et sa gouaille si délicieuse et poétique.
A l’image du héros, l’écriture psychologique se charge de présenter une galerie de personnages rocailleuse mais tendre, obligée de se créer une carapace pour survivre. Le climat social est très lourd (toxicomanie, Sida), c’est la France des banlieues des années 1990, où l’espoir a quitté depuis longtemps les esprits de ses habitants.
Pourtant le héros et son entourage parviennent à s’accrocher à la vie, à survivre de façon souvent bucolique, avec les moyens du bord. Le roman ne tombe pourtant jamais dans le populisme mielleux car il sait proposer des personnages tourmentés mais touchants, à la recherche d’une vie meilleure.
Le sujet autour de cette relation particulière qui se noue entre l’enfant et l’écorché vif est bien traité dans une première partie du roman très bien maîtrisée avec une évolution psychologique juste.
Mais la seconde partie ainsi que la troisième, chacune de plus en plus courte, s’éloignent du sujet principal. On se retrouve ainsi plongé dans l’atmosphère du film Un prophète (très violent, très sombre) à des années lumières de l’univers initial (qui pourrait faire penser à la comédie anglaise About a Boy).
Le contenu de l’intrigue est intéressant (la troisième partie commençant par un long flash-back, beaucoup de revirements) mais la fin semble bâclée. Il est dommage en effet que la relation entre Marcus et Pierrot ne soit pas plus développée dans cet univers carcéral. Il est dommage aussi que l’on ne connaisse pas la teneur du verdict.
Un premier roman très bien écrit mais qui déçoit un peu pour son dénouement.