Critique théâtre: D’autres vies que la mienne

« D’autres vies que la mienne » est un livre qui a marqué ma vie de lectrice. Pourtant, à la lecture de la quatrième de couverture, j’ai été déstabilisée : catastrophe naturelle, mort d’un enfant, deuil, cancer et procédures juridiques. Un drôle de programme. Si une amie ne m’avait pas dit : « Prends-le, c’est l’un des plus beaux livres que j’ai eu entre les mains ! », j’aurais eu le malheur de passer à côté. 

C’est un peu pareil en ce qui concerne la présentation de la pièce. Il y a de quoi rester sceptique, tout comme la compagne de l’auteur elle-même l’a été : « Je te trouve drôle, t’es le seul type que je connaisse, capable de penser que l’amitié de deux juges boiteux et cancéreux qui épluchent des dossiers de surendettement au Tribunal d’instance de Vienne, c’est un sujet en or. Et en plus ils ne couchent pas ensemble et à la fin elle meurt. J’ai bien résumé ? ».

Et pourtant ! Quel moment de théâtre ! Pendant 1h30, David Nathanson nous tient en haleine en interprétant tous les personnages de ce roman. L’émotion est à son comble dans un décor sobre où quelques mots-phares du récit sont projetés en fond. Une bande-son très vivante alterne entre musique, extraits radiophoniques et voix de quelques personnages.

L’ensemble de la mise en scène sert à merveille l’adaptation du texte de ce roman.

La force et la justesse des mots d’Emmanuel Carrère sont sans pareil. Son regard profondément humain est la lumière de son récit. Il sait nous montrer la beauté des sentiments, sans entrer dans le pathos. C’est donc naturellement que les larmes coulent. Des larmes de contemplation de l’âme humaine, de la vie dans sa terrible réalité et son imposante beauté.

Un spectacle d’une beauté magistrale dans le très bel écrin du Théâtre de la Reine Blanche. A découvrir, sans tarder !

 

D'autres vies que la mienne 

Compagnie Les Ailes de Clarence

D’après
Emmanuel Carrère
Adaptation
Tatiana Werner
David Nathanson
Mise en scène
Tatiana Werner
Avec
David Nathanson
Lumières et vidéo
Mathieu Courtaillier

Du 4 janvier au 11 Février
Du mardi au samedi
Relâches les 14, 25 et 26 janvier

Horaires : 20h45

Durée : 1h25

Théâtre de la Reine Blanche

Crédits photo: Pascal Gély

 

 

 

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