Critique théâtre: Duras, la vie qui va

A partir des textes de Marguerite Duras parfois non publiés, la comédienne Claire Deluca qui a longtemps travaillé avec la romancière et dramaturge propose ici une création originale, abritée par l’exigent Théâtre de Poche. Les « Durassiens » seront sûrement ravis car il est bien question de Duras, à la fin de sa vie, mise en scène par ses disciples. Pour les autres, il faudra s’accrocher car l’ensemble reste hélas trop inaccessible.

Sur scène, une femme et un homme. Duras est cette femme. Mais cette femme n’est pas seulement Duras. C’est à la fois un personnage à part entière et une représentation de Marguerite Duras. A travers ce dialogue qui s’ébauche entre l’homme et la femme, ce sont alors plusieurs personnages et situations qui viennent se juxtaposer.

Cette femme âgée ressasse ses souvenirs. En face de lui, cet homme rencontré par hasard, l’écoute avec une étrange attention. Il a aussi vécu des situations étonnantes et son débit de paroles va crescendo, heureux de rebondir sur la moindre des remarques, heureux de se défaire aussi quelques instants de sa pesante solitude.

La situation est cocasse : ces deux personnages qui ne semblent a priorie pas se connaître discutent de tout et de rien, à bâtons rompus, avec une rare connivence.

Sur les traces de l’indicible

C’est justement ce pesant sentiment que rien ne se passe vraiment sur scène qui nous étreint et nous empêche de rentrer dans la danse, dans ce jeu des mots, de la respiration du comédien chers à Marguerite Duras.

Claire Deluca a voulu rendre hommage à cette femme et dramaturge qu’elle connaît si bien mais peut-être qu’en réunissant les textes de Duras, ses réflexions toujours en mouvement sur les pièces (cette création reprend plusieurs pièces de Duras et notamment aussi des textes non publiés) a-t’elle trop simplifié son esprit, rendu trop abstraits situations, répliques et personnages.

La pièce ainsi constituée apparaît sans réelle structure, sans réelle intrigue, avec des dialogues trop simplifiés. Comédiens et metteurs en scène de la pièce, Claire Deluca et Jean-Marie Lehec ont voulu expérimenter cet « indicible » cher à Duras.

On ressent, par ailleurs, une vive émotion de la part des comédiens à partager avec le public leur passion pour Duras. On ne peut ainsi cracher sur un travail qui est indéniable mais hélas difficile d’accès.

Duras, la vie qui va
Textes de Marguerite Duras
Adaptation de Claire Deluca et Jean-Marie Lehec
Avec Claire Deluca et Jean-Marie Lehec
Scénographie, créations lumière et son: Carlos Perez
 
Du mardi au samedi à 19h30 – dimanche à 15h30
Réservation: 01 45 44 50 21
Théâtre de Poche -Montparnasse
75 bd du Montparnasse
75006 Paris
 
www.theatredepoche-montparnasse.com
 
Crédits photo: Laurencine LOT
 

 

 

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