Au théâtre de la Michodière en ce moment les rires fusent tous les soirs. Il faut dire qu’entrer dans les coulisses de l’écriture d’Autant en emporte le vent par son producteur, son scénariste et son réalisateur a déjà en soi de quoi nous faire jubiler. La pièce, interprétée par un trio remarquable de comédiens (Pierre Cassignard, Thierry Frémont et Emmanuel Patron) nous transporte dans l’univers des studios hollywoodiens à travers le récit de 5 journées épiques pour pondre enfin le scénario du film-culte.

Cinq jours, en effet, il ne leur reste plus que cinq jours pour sauver la production d’Autant en emporte le vent de la faillite totale ! Le tournage a même été arrêté. Des scénaristes se sont déjà succédés à plusieurs reprises pour adapter le célèbre roman de Margareth Mitchell. En vain !

Dans le bureau du producteur David O’Selznick (Pierre Cassignard), le célèbre scénariste Ben Hecht (Thierry Frémont) et le réalisateur Victor Fleming (Emmanuel Patron) se retrouvent pour mettre ensemble la main à la pâte en écrivant à six mains le scénario. O’Selznick enferme son réalisateur et son scénariste dans son bureau avec pour toutes ressources : de l’eau des bananes et des cacahouètes.

On rit vraiment de bout en bout dans cette pièce d’autant que la situation ne cesse de se dégrader pour les trois protagonistes qui ne dorment plus, ne mangent et ne digèrent plus correctement et se moquent au fond éperdument du roman à adapter et de son héroïne « pimbêche. »

Un décalage savoureux

Le fait de jouer toutes les scènes du film pour trouver l’inspiration déclenche un décalage comique particulièrement savoureux. Les comédiens se régalent littéralement sur scène et c’est palpable. Ils se donnent aussi physiquement considérablement, ce qui fait que leur émotion au salut est d’autant plus compréhensible.

La mise en scène de Daniel Colas a su justement tirer parti de l’aspect « épopée de cette aventure » (cinq jours pour pondre l’adaptation ciné d’un roman-culte américain et d’une rare longueur !), revisitant au passage de nombreuses thématiques sociétales américaines. L’occasion aussi d’évoquer les conditions d’écriture des années 30 au sein d’un studio hollywoodien. Il faut également rappeler que cette pièce de Ron Hutchinson est tirée d’un fait réel.

Les répliques et situations scatos, les références appuyées au racisme anti-juif existant dans ces années dans le milieu du cinéma américain alourdissent toutefois un peu le propos. Mais la projection de quelques images du film avec la magnifique Vivien Leigh est une très bonne idée cependant pour clôturer la pièce.

Bref, Hollywood est à découvrir en ce moment de toute urgence dans la chaleureuse scène du théâtre de la Michodière.

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