Critique Théâtre : Il faut je ne veux pas
Deux couples, deux époques (1840 et 2010) pour une brillante mise en perspective. D’un côté la Marquise de Musset et sa foi réaffirmée dans le mariage… De l’autre Vivien, la trentenaire de Jean-Marie Besset, perturbée par la visite de l’homme qu’elle aime la veille de leur union… Un spectacle aux émotions subtiles, où l’humour côtoie la profondeur des sentiments…
Cette confrontation de deux époques et de deux auteurs (Musset et Besset) est une vraie trouvaille pour parler de notre conception du couple et comment celle-ci ne cesse d’évoluer. Il y a autant d’audace chez Musset que chez Besset.
Dans Il faut qu’une porte soit ouverte ou fermée, le marivaudage romantique est ici illustré par un décor soigné et des costumes qui rappellent l’élégance impérative des personnages de Musset.
On est aussi très sensible aux trouvailles scénographiques de cette pièce (les personnages s’amusent un moment avec l’ancêtre de notre caméra). Le piano, le feu dans la cheminée, l’élégance naturelle de la Marquise (subtile Blanche Leleu !), tout contribue à rendre cet univers feutré, le lieu idéal pour les confidences de « deux enfants du siècle ».
Le fil conducteur, ce jeune homme amoureux
Dans Je ne veux pas me marier, le couple qui s’apprête à se marier vole en éclats. Chloé Olivères campe une joyeuse tornade qui dissèque nos obsessions sociales sur le couple. Besset y instille aussi un vrai dialogue amoureux, vif voire piquant, drôle mais aussi nostalgique.
Le fil conducteur de ces deux pièces est incarné avec la présence diablement séduisante du comédien Adrien Melin qui incarne à chaque fois le jeune amoureux. Inquiet, romantique, exhalté, cynique, tendre, ironique, blessé, provocateur : une belle palette de sentiments qu’Adrien Melin déploie toujours avec justesse.
Enfin, la transition de l’époque de Musset à celle de Besset se fait avec beaucoup de grâce : l’image de la marquise de Musset venant parfois se superposer à celle de Vivien. Avec ces deux femmes, deux conceptions de l’amour se font face.
Avec Blanche Leleu, Adrien Melin, Chloé Olivères
Mise en scène Jean-Marie Besset
Il faut qu’une porte soit ouverte ou fermée d’Alfred de Musset / Je ne veux pas me marier de Jean-Marie Besset
Collaboration à la mise en scène: Gilbert Désveaux
Scénographie: Gérard Espinosa, assisté de Muriel Chircop
Lumières: Martine André
Costumes: Marie Delphin
Son-vidéo: Serge Monségu
Maquillage – coiffure: Agnès Gourin-Fayn
Au Théâtre de l’Oeuvre depuis le 14 février.