Critique théâtre: Le Poisson belge
Un soir, sur le banc d’un jardin à Bruxelles, une petite clocharde rencontre un vieux monsieur. Il s’agit de Petit Fille et Grande Monsieur. Ils vont vivre un petit bout de vie ensemble et réparer beaucoup de choses… Le texte de Léonore Confino est d’une grande beauté tant poétique que thérapeutique. Elle fait du bien à l’enfant qui est en nous.
La pièce s’ouvre sur une situation plutôt cocasse : une jeune clocharde et un monsieur qui se sent vieux, avec une paire de boucles d’oreille qu’il arbore tout naturellement, se rencontrent. La différence d’âge ajoute aussi au mystère de cette discussion qui au lieu de s’interrompre va s’alimenter petit à petit.
Le spectateur perd un peu pied au début. Il va être actif tout au long de la pièce et recoller les morceaux épars de cet étrange monologue dialogué. Grande Monsieur et Petit Fille ont le même prénom. Ils ont souffert tous deux d’une enfance où leur différence n’a pas été acceptée par leurs propres parents.
Ne dévoilons pas tout car la chute est tout aussi importante que le reste. Elle s’assimile à une fin de séance psychanalytique réussie, quand, vous, patient, vous détenez soudainement la clé qui explique tout, la clé qui soulage.
Une pièce qui fait du bien
De ce fait, cette pièce irradie d’humour, de poésie, de cocasserie et soulage aussi. On verse sa petite larme, bien sûr, avec le sentiment de passer un moment fort de théâtre et oserai-je dire, de vie, d’humanité ?
Marc Lavoine incarne la double facette de son personnage (un vieil homme solitaire / une femme qui cohabite en lui ; sa part de féminité qu’il a tant de mal à assumer) avec beaucoup de justesse, de sensibilité. Pour un homme qui dégage autant de charme viril, c’est un tour de force.
Géraldine Martineau nous bluffe littéralement : non seulement, elle joue parfaitement, physiquement, intrinsèquement cette enfant profondément meurtrie mais elle révèle en effet, toute la maturité de son personnage, en filigrane ; toute cette facette « adulte » qui constitue aussi son personnage.
Intrigante, drôle, émouvante, rythmée, la pièce de Léonore Confino fait du bien, tout simplement.
Le Poisson Belge De Léonore Confino Mise en scène de Catherine Schaub Avec Marc Lavoine et Géraldine Martineau Théâtre de la Pépinière www.theatredelapepiniere.com