Cette pièce que nous propose le Théâtre de Poche en cette rentrée 2015-16, nous entraîne dans un univers théâtral aussi burlesque qu’étrange, moderne que baroque. On en ressort ravi, revigoré et … parfaitement incapable de vous résumer la pièce.

Tout simplement parce que Michel Vinaver joue avec notre souci de rationalité, de quête d’une morale à tout crin.

Blason (Patrick Catalifo surprenant dans tous les sens du terme, jusqu’à vous faire sursauter à plusieurs reprises dans votre fauteuil) est le voisin de Laheu (Lionel Abelanski, son parfait contraire, tout dans la retenue). Tous deux sont pères célibataires, dont les enfants ont grandi en même temps qu’un étrange amour qui les unit.

Blason se fait cambrioler ses précieux lingots d’or. Or, justement, seuls Laheu et son fils en connaissaient la cachette. A partir de là, cette belle amitié de voisinage, cette insolite forme de colocation de terrasse et d’apéros quotidiens vole en éclats.

Baroque, moderne, drôle et noir à la fois

Avec ce point de départ d’une étonnante simplicité, Vinaver tricote un univers poétique déstabilisant autant qu’intrigant, appuyé par une mise en scène qui convie constamment à l’étrange. Les dialogues résonnent comme des perles agencées de façon baroque, parfois grossières, parfois limpides.

Les comédiens incarnant les enfants Alice et Ulysse sont parfaits dans cette ambivalence qui les constitue à savoir mi-enfants, mi-adultes. Leur amour est à la fois celui enfantin  et pur (ne se rappellent-ils pas constamment les souvenirs d’enfance qui les lie) et celui de la découverte du désir, de ce voyage tragique qu’ils s’apprêtent à réaliser (comme l’histoire de leurs prénoms semble le suggérer).

Conte baroque, moderne, drôle et noir à la fois, Les Voisins sont à visiter d’urgence au Théâtre de Poche Montparnasse…

Du mardi au samedi 21h, dimanche 15h