Critique théâtre: Victor
Amateurs d’intrigues, de décors et de comédiens de haute volée, ne passez pas à côté de VICTOR actuellement au Théâtre Hébertot. Se déroulant dans les années 1950, cette pièce d’Henri Bernstein traite de plusieurs sujets complexes à la fois : l’amitié virile, le grand amour, l’argent capiteux et brûlant… La mise en scène inventive de Rachida Brakni épouse parfaitement les lignes de ce projet théâtral audacieux.
Depuis la reprise du Théâtre Hébertot par Francis Lombrail en 2013, semble clairement se dessiner une identité artistique exigeante en même temps qu’éclectique, qui nous invite au voyage dans le temps comme dans le monde (LES CARTES DU POUVOIR, DES GENS BIEN, LES LOIS DE LA GRAVITE)…
Dans cet état d’esprit, VICTOR nous fait voyager dans le temps (ses années 50 si glamour et intrigantes à la fois) mais surtout dans l’émotion. Une émotion qui mêle suspense, tension dramatique, gravité, humour et romance avec beaucoup de dextérité.
Bien installée au 3ème rang, au centre face à la scène, j’ai eu tout le loisir d’admirer le jeu millimétré des comédiens. Jamais de fausse note et pourtant l’exercice est périlleux. L’écriture psychologique des personnages est en effet, loin d’être lisse. Et c’est ce qui fait toute la richesse du texte de Bernstein et la saveur d’interpréter ces personnages, on le sent, auprès des comédiens.
Une partition riche
Grégory Gadebois interprète avec le talent qu’on lui connait Victor, cet homme d’une rare bonté, pour qui l’amitié virile et la quête du grand amour ont un véritable sens. D’autres facettes de ce personnage central se dévoilent peu à peu au fil de l’intrigue.
Face à lui, il y a Eric Cantonna (Marc) qui interprète avec tempérament ce personnage sombre, héros de guerre, désormais hommes d’affaires brillant, surprenant tout autant que son épouse Françoise (Caroline Silhol, magnifique de sensualité et de charisme) en qui Victor voue un amour indéfectible.
Il ne faut pas oublier de citer Marion Malenfant et Serge Biavan qui jouent aux côtés de ce trio savoureux avec beaucoup de justesse et de talent.
Une mention également aux décors et costumes qui rendent hommage avec style au glamour des films noirs et de romance des années 50 (l’affiche a été réalisée par les studios Harcourt).
Enfin, cette pièce propose également de redécouvrir un auteur, Henri Bernstein, injustement oublié et qui a été joué tant au théâtre dans la première moitié du XXème siècle qu’au cinéma dans la seconde (Victor de Claude Heymann, 1951 ou bien plus récemment Mélo d’Alain Resnais, 1986).
Victor Une pièce de Henri Bernstein Mise en scène de Rachida Brakni Avec Caroline Silhol, Eric Cantona, Grégory Gadebois, Serge Biavan et Marion Malenfant Soirée : du mardi au samedi à 21h Matinée : dimanche 17h Théâtre Hébertot http://theatrehebertot.com/