Le tourbillon de la rentrée
Adios la mer, le sable, les pâtés avec Neveu Chéri, les apéros où l’on se jure à chaque fois que la prochaine fois, on saura refuser dignement un énième petit kyr, si gentiment proposé. Adios la sieste, les balades, le soleil, les nus-pieds, la musique sans limite de Deezer qui a finalement réussi à nous rendre accro et abonné (après plusieurs « quinze jours d’essai gratuit »), la lecture-la-vraie (celle des bons romans choisis avec gourmandise au début de l’été)…
Oui, tout cela est déjà bien (bien) loin. Mais à Paris, malgré la pluie qui s’est soudainement abattue sur ses habitants aux mines encore bien bronzées, l’offre d’évasion culturelle est bel et bien là. Il y a sur toutes les lèvres des Bobos branchouilles la sentence suivante « Le Ozon est décevant, je trouve mais ne manque pas Grand Central ».
Antoine Decaunes a pris les rênes du Grand Journal et Télérama y a consacré de (trop) nombreuses colonnes faussement désabusées. Bref, c’est la Rentrée, la vraie. Les petites « terreurs » ont retrouvé les bancs de l’école, les parcs se sont parés de feuilles d’automne. Au café, commander un chocolat chaud n’est plus si incongru que cela.
Au théâtre, il y a des affiches alléchantes. Comme celle de Daniel Auteuil et Richard Berry au Théâtre de Paris, ou les premiers pas bluffants de Jean-Baptiste Maunier sur les planches du Petit Montparnasse face à un Pierre Cassignard toujours au top dans La Chanson de l’Elephant. Cette année, l’offre des Théâtres Privés en cette période de rentrée passe de 111 à 122 spectacles, précise Bernard Murat dans son discours inaugural de circonstance, lors de la conférence de presse saisonnière.
Au cinéma, c’est le biopic sur Steve Jobs qui nous surprend, plus qu’on ne l’aurait imaginé. La démarche singulière de ce visionnaire (au sens propre comme au figuré) est traitée avec beaucoup de justesse. Steve Jobs est loin d’être un saint malgré quelques tics « américanisants » un peu agaçants. On apprécie aussi la discrétion du film sur la fin de sa vie, ne s’attardant pas sur des détails en rapport avec sa maladie. Avec un acteur investi, Ashton Kutcher qui propose ici une belle mise à nu de son personnage.
Autre acteur qui n’hésite pas à changer de registre, Benoît Pooelvorde, qui, dans Une place sur terre, nous bouleverse. Cet être solitaire, un peu dépressif, photographe de métier, voit sa vie chamboulée dès lors qu’il surprend sa jolie voisine entrain de tenter de se suicider. Le jeu tout en nuances de Poelvoorde, la grâce et la fragilité de sa partenaire à l’écran et la recherche constamment artistique de l’image et de la façon de raconter cette histoire font de ce moment d’évasion cinématographique une parenthèse bien singulière.
Un dimanche après-midi entre soleil et ciel gris automnal, nous voici à bord du Titanic, porte de Versailles. Il y a une foule phénoménale qui se presse pour découvrir les « Trésors du Titanic ». On se trouve un peu bête en sortant, nous qui rêvions de découvrir une réplique diamantée du « Cœur de la mer », un détail romanesque important du film de James Cameron (!).
Une projection de presse aussi nous a permis d’apprécier un documentaire passionnant sur les coulisses de l’Art contemporain, La Ruée vers l’Art, en salles le 16 octobre prochain.
Et déjà, telles les feuilles mortes sur le pavé parisien, les papiers à rédiger s’amoncellent, comme ces invitations qu’il faudra trier. Et non, nous ne pourrons pas tout voir. Et non, nous ne pourrons pas écrire sur tout. Le tourbillon de la rentrée, n’est pas une vaine expression à Paris, mais c’est aussi cela qui nous plaît…