Fanny Cottençon et le Paris des Femmes
En pleine préparation de sa nouvelle pièce au théâtre La Bruyère, Fanny Cottençon a accepté d’évoquer pour nous sa participation au prochain festival Le Paris des Femmes, qui célébrera les femmes dramaturges lors de sa quatrième édition, les 9, 10 et 11 janvier 2015 au théâtre des Mathurins.
Comment êtes-vous entrée dans l’aventure du Paris des Femmes ?
Je suis là depuis la première édition du Paris des Femmes, en 2012, grâce à Anne Rotenberg qui est une amie avec qui j’avais dans un premier temps travaillé au Festival de la Correspondance de Grignan avec un grand bonheur. Par la suite j’avais créé un spectacle qui rendait hommage aux femmes auteures, et j’avais demandé à Anne que nous le fassions ensemble. Elle a un réel talent de lectrice et d’adaptatrice. Et nous avons crée ce beau spectacle qui s’appelait « Fragments d’Elle(s) ». Tout ça est donc relié… Nous avions construit ce spectacle avec une vingtaine de textes d’auteures contemporaines, autour d’un axe qui était le célèbre texte de Virginia Woolf, Une chambre à soi. Et Quand Anne a commencé l’aventure du Paris des Femmes, elle m’a naturellement appelée, puisque nous sommes extrêmement complices toutes les deux.
Que pensez-vous justement de cette initiative pour mettre en lumière les femmes auteures de théâtre ?
Je trouve ce Festival très joyeux, parce que c’est un collectif de femmes vraiment épatantes ; c’est toujours agréable d’être bien entourée (rires). Je trouve que l’idée est pertinente et qu’elle est bien menée par ces trois personnes entreprenantes et positives. Et leur constat que les auteures femmes ne sont pas représentées dans le paysage théâtral français est si juste. J’ai toujours en mémoire cette anecdote : lors de la journée de la Femme, sur France Inter, une interview d’Albert Cohen était diffusée (personnellement, et je n’ai pas honte de le dire, je n’aime pas cet écrivain.) A la question de la journaliste: « quelle est la femme-auteure que vous aimez le plus ? » Il n’a su que répondre. La journaliste a insisté : « Marguerite Duras ? Marguerite Yourcenar ? » Albert Cohen a répliqué : « Marguerite Yourcenar ? Mais vous avez vu sa tête ? » Cela m’est resté, comme summum de la misogynie.
Comment se passe concrètement votre travail par rapport à ce texte spécialement écrit pour le festival ?
On va malheureusement avoir très peu de temps pour répéter parce que les deux jeunes acteurs avec qui je joue sont très pris. Moi-même, je suis en répétition au théâtre La Bruyère. On s’est rencontré une fois, et c’était vraiment passionnant. Nous allons continuer aux Mathurins, répéter dans un temps bref et resserré, comme nous l’avions fait l’année dernière. Cet exercice est toujours différent… et toujours intéressant. C’est un peu comme monter à cru, si vous voulez ! (rires).
En quoi le texte que vous allez jouer vous touche ?
Je le trouve vraiment beau. C’est l’histoire d’un jeune homme qui a été obligé de se construire sans sa mère qui est, disons, « mal aimante », pas « non aimante », attention. « Mal aimante », oui… Et c’est terrible.
La particularité de ce texte est qu’il a été écrit en français par une anglophone, Lucy Wadham dont c’était la première expérience et d’écriture théâtrale et d’écriture en français…
Oui. Et les Anglais utilisent moins de mots que les Français, aussi l’écriture de ce texte est-elle très minimaliste. Ce mode d’écriture anglo-saxon est très intéressant à jouer pour un acteur.
Vous avez une prochaine actualité au théâtre, en dehors du Paris des Femmes. Pouvez-vous nous en parler ?
Je vais jouer au théâtre La Bruyère une pièce d’Éric Assous, « On ne se mentira jamais » à partir du 28 janvier prochain, dans mise en scène de Jean-Luc Moreau, avec Jean-Luc Moreau et moi-même. C’est une pièce à propos de laquelle l’auteur parle de « thriller conjugal ». Parce que après 25 ans de vie commune, peut-être qu’on ne se connaît pas si bien que ça… Finalement.