L’Histoire du Music-Hall français au Théâtre Rive Gauche
En plus des pièces à l’affiche (en ce moment 24 heures de la vie d’une femme avec Clémentine Célarié et Oscar et la dame rose avec Judith Magre), le Théâtre Rive Gauche propose d’autres rendez-vous passionnants, notamment pour les fans d’opéra (avec « les lundis musicaux » animés par un spécialiste de l’opéra, David Stern) et ici, en l’occurrence pour les amateurs de spectacles et d’histoire (avec le fameux cycle de conférences-spectacles sur l’histoire du Music-Hall français, brillamment entamé dimanche dernier, par le journaliste Olivier Barrot).
Quoi de plus réjouissant, en effet, que de finir son week-end avec des pépites du music-hall et qui plus est, ce soir-là, celles de célèbres duos comiques. Il s’agissait ici en effet de réunir le meilleur des sketches comiques dans une période de l’histoire du music-hall à la fois courte et suffisamment riche, à savoir des années 1940 à 1986. Cette dernière date coïncidant en effet avec la mort de Coluche, un parti pris voulu par Olivier Barrot.
Le music-hall est un genre artistique qui apparaît avec l’urbanisation croissante, de la moitié du XIXe siècle jusqu’aux années 1920. Il s’établit dans les grandes villes européennes de France, d’Angleterre et d’Allemagne. Il traverse les époques et attire de nombreux spectateurs de diverses classes sociales qui viennent profiter de ses attraits festifs et nocturnes.
La première salle de music-hall à Londres est construite par Charles Morton en 1852, surnommé le « père du music-hall ». La salle ressemblait à la plupart des salles de concerts contemporaines, mais possédait un espace plus grand capable d’accueillir de 500 à 5 000 spectateurs. En 1856, on compte une trentaine de salles, et plus 300 en 1878.
Joseph Oller reprend l’idée de Charles Morton d’introduire des divertissements dans son établissement, développant ainsi de nouveaux lieux à Paris. C’est ainsi que se créent les Folies Bergère en 1886, l’Olympia en 1893, l’Alhambra en 1904, Bobino en 1917, le Casino de Paris en 1917, l’ABC en 1933, les Folies Wagram, l’Apollo le Concert Mayol, Le Palace…
Le Moulin Rouge est la première salle à porter officiellement le nom de « music-hall ». Entre les années 1890 et 1930, les salles de music-hall se trouvent essentiellement dans les 9e, 10e et 18earrondissements actuels. Elles s’implantent dans des quartiers présentant une vie nocturne dynamique, voire un attrait touristique. Autour de ces lieux se concentrent des activités marchandes (kiosques, boutiques de souvenirs…) ainsi que des hôtels.
L’extrême richesse de l’humour français de cette époque
Les duos comiques en France ne datent pas d’hier. C’est grâce à la complicité de l’INA que ressuscitent les grands talents de l’humour français. Pas étonnant d’y (re)découvrir sur plusieurs décennies, des duos comme Roger Pierre et Jean-Marc Thibault, Jean-Pierre Darras et Philippe Noiret, Guy Bedos et Sophie Daumier, Jean Yanne et Paul Mercey et les inénarrables Jean Poiret et Michel Serrault.
Mais la malle de l’INA ouverte par Olivier Barrot, avec un choix très sûr, nous révèle d’autres fabuleux trésors: les désopilants Charpini et Brancato, les charmants et extrêmement jeunes Victor Lanoux et Pierre Richard, les rois du rythme Pierre Dac et Francis Blanche, et les drôles de bouffons, Philippe Avron et Claude Evrard.
Olivier Barrot ponctue ses présentations d’anecdotes tout aussi savoureuses: A la ville, Francis Blanche faisait vivre trois foyers à la fois; Jean Poiret avait rencontré Sacha Guitry à la fin de la vie de ce dernier et l’avait véritablement charmé; Michel Serrault, en dépit de ses nombreux rôles comiques et de la mort de son enfant, était un fervent croyant; Guy Bedos et Sophie Daumier, malgré ce que laisse entendre le sketch « La Drague » ont vécu plusieurs années ensemble; Charpini et Brancato dans les années 1930 se jouaient déjà sur scène avec une grande loufoquerie de leur homosexualité et le public en redemandait…
Cette conférence-spectacle est ainsi l’occasion de redécouvrir toute une palette de l’humour français en même temps que le charme de son contexte historique (l’image souvent en noir et blanc, la jeunesse d’un Michel Drucker débutant, les vieilles émissions de l’ORTF) et de s’apercevoir qu’on riait autant si ce n’est plus en ces temps immémoriaux…
Une sacrée leçon pour les humoristes d’aujourd’hui…
Le cycle de conférences-spectacles sur L’Histoire du Music-Hall français se poursuit, un dimanche par mois à 17h au Rive Gauche. Voici le programme des prochaines séances: 22/11/2015 : les grandes dames20/12/2015 : les poètes
17/01/2015 : les années folles
21/02/2016 : les chanteurs de charme
20/03/2016 : les groupes vocaux
17/04/2016 : le yé-yé
15/05/2016 : le comique troupier
19/06/2016 : l’opérette marseillaise Théâtre Rive Gauche 6, rue de la Gaîté, 75014 Paris Réservation : 01 43 35 32 31 http://www.theatre-rive-gauche.com/