Michel Vuillermoz et le Paris des Femmes
Comme le veut la convention, le nom de Michel Vuillermoz, au générique des films comme des pièces de théâtre, est associé à celui de son statut de sociétaire de la Comédie Française. Or le comédien évoque pour nous son désir de s’investir aussi hors les murs du Français, autour de projets de théâtre qui lui sont chers, comme le récent Introspection à la Maison de la Poésie ou comme la mise en espace de pièces lors du prochain Festival du Paris des Femmes.
Comment êtes-vous entré dans l’aventure du Paris des Femmes ?
Par Anne Rotenberg qui m’en avait parlé après avoir vu « Introspection » de Peter Handke avec Laurence Colussi que j’avais mis en scène à la Maison de la Poésie, en octobre dernier. Anne se demandait si j’avais le droit de mettre en scène dans le théâtre privé, hors de la Comédie Française, ce qui, contrairement au jeu, est possible. Ainsi je mets en espace trois textes, pour la soirée du dimanche 11 janvier.
Comment s’est fait le choix des textes à mettre en espace ?
Anne m’a présenté ces trois textes d’Anne Giafferi, Lydie Salvayre et Nathalie Kuperman. Puis j’ai rassemblé mon équipe. Nous allons travailler le texte de Lydie Salvayre avec Marilu Marini, celui de de Nathalie Kuperman avec Valérie Bonneton, et celui de Anne Giafferi avec Laurence Colussi et Christophe Bouisse.
Ce qui est amusant c’est que finalement vous avez constitué une forme de petite troupe : certains comédiens interviennent dans deux pièces différentes dans la soirée…
Oui. J’aime l’idée d’avoir deux à trois comédiens par lecture, A la fois pour des questions de temps, mais aussi pour la circulation, la fluidité des mises en espaces, qui ont des scénographies minimalistes
Vous allez vous aider de quels accessoires pour ce genre de mise en espace ?
Cela va être très simple. Ce qu’il faut, c’est entendre les textes. Des chaises. Un fauteuil. Ce sera dépouillé et cela suffit. Pour le texte de Lydie Salvayre, je travaillerai aussi sur la bande-son avec notamment la chanson « Hijos del Puebla » sur la guerre d’Espagne.
Cet exercice consiste vraiment à se concentrer sur le texte finalement…
Oui. On ne pourra pas faire mieux avec ces contraintes de temps, de budget, de logistique. Et demander aux comédiens d’apprendre le texte, ça voudrait dire autre chose aussi. Je tiens à ce qu’ils aient avec eux la brochure mais qu’ils aient aussi suffisamment répété pour se parler, revenir au texte.
On vous connaît surtout en tant que comédien. Mettre en scène est quelque chose de familier pour vous ?
J’ai fait peu de mises en scène, c’est vrai puisque mon métier de comédien m’a beaucoup occupé. Mais j’y reviendrai à un moment ou à un autre. Là, j’ai cet exercice des mises en espace et j’ai aussi une mise en scène avec les élèves-comédiens du Français. J’ai commandé un texte à Rémi de Vos pour eux. On le fera au Vieux Colombier, trois jours début juillet.
J’ai mis en scène André le Magnifique (une œuvre collective dont je suis l’un des auteurs), ainsi que Linge sale de Jean-Claude Grumberg, mais depuis que je suis au Français, je n’ai plus beaucoup de temps. Mais l’envie est là….
Pouvez-vous nous parler des comédiens que vous avez choisis pour la soirée du 11 janvier, vous les connaissez bien…
Oui, à l’exception d’Hélène Babu et de Marilu Marini. Mais par rapport au texte de Lydie Salvayre, il me semblait nécessaire d’avoir une comédienne qui ait des racines espagnoles.
Dans ce travail, vous n’êtes pas du tout en relation avec les auteures ?
Non. J’ai eu Lydie Salvayre au téléphone nous avons parlé de mon parti-pris de mise en scène avec cette femme qui enregistre l’entretien et qui a du mal à se tenir à distance parce que c’est la fille de son interlocutrice. Je n’ai pas cherché à rencontrer les autres auteures. J’avais envie de leur laisser la surprise. Dans le peu de temps qu’on a, je ne pense pas que cela aurait été constructif.
Pouvez-vous nous parler de votre engagement actuellement au sein de la Comédie Française ?
C’est celui d’un sociétaire, au service de la troupe, tout en travaillant à l’extérieur aussi (dans mes propres projets ou au cinéma). Je suis impliqué vis-à-vis de la Comédie Française à 50 % de mon temps mais je tiens à garder un espace de liberté qui me semble très sain aussi pour me ressourcer. C’est une maison très vampirisante cette Comédie Française qui digère un peu ses comédiens, au fil du temps.
Vous travaillez aussi au sein de la Comédie Française en proposant des projets comme celui que vous avez évoqué précédemment qui se jouera au Vieux Colombier cet été ?
Ça m’intéresse d’accompagner ces élèves-comédiens avec un auteur vivant comme au Paris des Femmes, finalement. Avec dans l’idée que le spectacle puisse tourner après et pas simplement trois soirs au Vieux Colombier.
Vous avez également une belle actualité, hors Paris des Femmes…
Oui, au cinéma, il y a L’Affaire SK1 qui est sorti le 7 janvier et qui est un film que j’adore. Je viens aussi de tourner une comédie sociale très drôle qui s’appelle Le Grand Partage avec Didier Bourdon, Karine Viard et Valérie Bonneton. Pour L’affaire SK1, nous avons pu rencontrer le vrai Charlie (le policier qui a mené l’enquête pendant huit ans, avant d’arrêter Guy Georges), nous avons rencontré l’équipe actuelle de la Brigade criminelle, vu l’espace exigu aussi dans lequel ils travaillent et qui est un élément dramatique très important dans le film. Il y a quelque chose d’archaïque dans ces bureaux, on verrait des machines à écrire que cela ne nous étonnerait pas…
Le Paris des Femmes 2015 se tiendra les 9, 10 & 11 janvier prochain au théâtre des Mathurins.
Renseignements: https://www.facebook.com/LeParisdesFemmes
L’Affaire SK1, au cinéma depuis le 7 janvier 2015.