Rencontre avec Murielle Magellan: le livre, comme objet de partage

Il y a tant de choses à dire sur la romancière Murielle Magellan et son très beau roman N’oublie pas les oiseaux, paru en janvier dernier aux Editions Julliard. Une récente rencontre entre blogueuses (eh oui, les garçons avaient déserté, il y avait un match important au Parc des Princes ce soir-là…) et la romancière (qui est également scénariste, dramaturge et metteure en scène) m’a permis d’en savoir plus sur l’écriture de ce troisième roman, qui figure dans la pré-sélection des 30 livres de la 6° édition du prix Orange du livre mais également sur les listes de pré-sélection des prix Version Fémina et RTL.

Pour vous donner une meilleure idée de l’ambiance de cette rencontre, imaginez un café cosy du 8ème arrondissement, Le Berkeley, pour être plus précis, une table où quelques verres de vin côtoient livres, tablettes numériques, crayons et cahiers, et autour de Murielle Magellan, heureuse de parler de son livre, des blogueuses amatrices de cinéma, de théâtre et de livres.

Murielle Magellan confie avoir d’abord voulu consigné l’histoire de son grand amour à destination unique du fruit de celui-ci, son fils, mais en relisant les nombreux carnets intimes noircis pendant cette relation de vingt ans, c’est le profond romanesque de son histoire d’amour qui saute alors à ses yeux.

« En notant, la romancière que je suis a commencé à se prendre au jeu. Cet homme- là était romanesque. Notre rencontre l’était aussi… Peu à peu je me suis dit « Pourquoi ne pas témoigner de cet amour si singulier? » Mais il m’est vite apparu que si je le faisais, il fallait vraiment le faire sans masque, comme une autopsie. Car il contenait à la fois la grandeur et la misère de l’amour. L’aventure et le quotidien. Il ne fallait rien occulter.

J’en ai  parlé à mon éditrice, Betty Mialet, elle m’a dit : « Vas-y ! ». J’en ai parlé à mes proches, ils  m’ont dit : « Vas-y ! ». Alors, j’ai pris mon élan…

Il a fallu un an et demi pour l’écrire. »

La force de l’identification

Dans l’écriture du roman, justement, Murielle Magellan précise combien, hormis l’introduction, il était important d’écrire de façon chronologique ce qui lui était arrivé, depuis qu’à 17 ans, cette jeune femme profondément timide était « montée » à Paris pour embrasser une carrière artistique, tombant follement amoureuse de son prof de théâtre « L’Homme slave », de 20 ans son aîné. « Il fallait qu’à travers ce récit chronologique, l’insertion d’extraits de mes carnets intimes de l’époque, le lecteur s’identifie complètement à mes élans d’amour, de doutes, de colère, de joie aussi. »

Francis Morane, l’Homme slave, est un personnage particulièrement complexe, imprévisible : collectionnant les conquêtes féminines, il ne peut rester longtemps aux côtés de la même personne. Auprès de la jeune Murielle, il se fait Pygmalion, lui révèle son fort potentiel artistique, elle pourtant si peu sûre de son talent.

La force de cette relation amoureuse, souvent dure à vivre au quotidien, réside peut-être au fond dans ce très bel échange sur le métier d’artiste que les deux protagonistes ont effectué tout au long de leur parcours professionnel, l’un conseillant l’autre, l’encourageant à ne pas douter et vice versa.

Consciente que cet amour est unique, Murielle Magellan veut un fils de l’Homme slave. Il sera conçu dans ce paradis qu’est la maison d’Orgeval, achetée pour abriter leur amour, au moment où l’Homme slave comprend qu’il est amoureux de la jeune femme.

Une histoire vraie et si romanesque

« Dans N’oublie Pas Les Oiseaux, « je » ne suis que seconde héroïne. Je me raconte mais en réalité je raconte « deux ». C’est le « deux » qui est personnage principal, me semble t’il. C’est bien la rencontre entre la jeune femme aventurière mais provinciale que j’étais, et cet homme Don Juan et audacieux qui fait roman. Car cette rencontre, comme dans un roman, crée des événements, des rebondissements, des conflits, des réconciliations. Lui et moi devenons des personnages et notre histoire, une histoire. », précise Murielle Magellan.

Ce que l’on retient ici de cet échange fort riche avec l’auteure, c’est la volonté de cette dernière d’avoir écrit ce livre, son expérience pour mieux le partager.

En écrivant ce roman si autobiographique, Murielle Magellan tient toutefois à nuancer ses propos sur l’écriture comme thérapie : « C’est parce que j’ai attendu dix ans pour en parler, parce que je me suis sentie prête que j’ai pu écrire dessus. La thérapie, en fait, s’est faite avant l’écriture de mon livre. »

Le livre, cet objet de partage

Depuis que N’oublie pas les oiseaux est paru en janvier dernier, Murielle Magellan tient à l’accompagner, à échanger dessus avec ses lecteurs lors de nombreux salons du livre, de rencontres-dédicaces en librairies mais aussi avec les internautes via sa page Facebook officielle. La curiosité de la romancière vis-à-vis des retours sur son livre est ainsi sans limite. Sûrement parce que son troisième roman est le plus personnel de tous.

Mais ce que l’on retient aussi (et surtout !) de cette rencontre, c’est la personnalité généreuse, enjouée et résolument dynamique de Murielle Magellan, qui met en scène ou écrit pièces et scripts (elle co-signe notamment la prochaine comédie d’Audrey Dana Sous les Jupes des Filles, sortie le 4 juin 2014) avec une égale gourmandise…

N’oublie pas les oiseaux de Murielle Magellan
Editions. Julliard
Paru en janvier 2014.

 

 

 

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