Venu à Paris défendre son nouveau film, le très attendu Inception, signé Christopher Nolan, Leonardo DiCaprio s’est plié au jeu de la conférence de presse avec beaucoup de simplicité. Son parcours de comédien abonné au succès, au service des meilleurs metteurs en scène de Los Angeles (sa ville natale), a pourtant de quoi surprendre. Dans l’océan Hollywood, l’île DiCaprio reste aussi mystérieuse qu’attirante…

Qu’il fait chaud à Paris et surtout au Bristol, cet hôtel luxueux où la climatisation est relative du fait de ses vieux murs classés. Des hommes politiques viennent y cotoyer à l’heure du déjeuner les stars hollywoodiennes de passage. Ce jour-là Dominique de Villepin pouvait croiser Marion Cotillard. Mon Dieu, que le monde est petit !

Mais en cette fin de semaine particulièrement caniculaire, la vraie star du jour c’était Leonardo DiCaprio, qui par sa seule présence avait fait venir tout le banc et l’arrière banc de la presse française, y compris une nuée de blogueurs allociniens extatiques.

L’interprète fétiche de Martin Scorsese, escorté d’un prestigieux casting (Marion Cotillard, Michael Caine, Ellen Paige, Joseph-Gordon Levitt, Cillian Murphy et Tom Hardy) et de son metteur en scène Christopher Nolan est arrivé ponctuel à la salle de conférence.

« Vous savez, j’ai reçu une éducation tout à fait équilibrée »

C’est un homme détendu qui a répondu aux questions de la presse, probablement les mêmes d’une destination à l’autre lors de ce grand tour du monde qu’exige la promotion d’un tel blockbuster : « Vous savez, j’ai eu une éducation tout à fait équilibrée. J’ai été plutôt gâté, donc ce n’est pas trop de ce côté-là qu’il faut aller chercher mon goût pour les personnages torturés. »

Placé au centre de la table, la cinégénie de l’acteur nous frappe avec cette façon surprenante de capter la lumière. Concentré, volontiers appliqué pour parler de son métier, DiCaprio a du mal à cacher son admiration pour les metteurs en scène ou pour sa partenaire à l’écran Marion Cotillard, avec qui il a travaillé. « Les grands metteurs en scène comme Scorsese où Nolan vous laissent une pleine liberté de création. Ils ne vous imposent rien. Bien au contraire, ils sont à l’écoute de vos propositions et c’est ce qui rend le travail aussi excitant ! »

Sur Inception, DiCaprio a travaillé particulièrement en amont avec Christopher Nolan sur son personnage, le temps de mieux cerner son passé, ses motivations. Un travail qui peut-être inconsciemment l’a rapproché de l’univers tourmenté de Scorsese (le génial Shutter Island semble en effet avoir sur le film un certain écho).

Il est intéressant d’écouter ce que pense Leonardo DiCaprio de sa partenaire Marion Cotillard, pour mieux comprendre sa propre façon de travailler : « Marion, « votre trésor national », est avant tout une bosseuse, une actrice qui s’engage émotionnellement d’une telle façon devant et derrière la caméra, qu’on a envie de lui dire : mais Marion, garde-nous ça aussi pour la caméra ! On ne te filme plus, là ! »

Au fond ce qui intrigue tant DiCaprio dans un personnage sombre comme celui qu’il interprète dans le film de Nolan, c’est tout l’espace de création, toute l’altérité que ce personnage peut lui apporter.

La spécificité du film de Nolan étant qu’il lui permet d’explorer dans une sorte de mise en abyme de son personnage (réalisée d’un rêve à l’autre) toute le traumatisme que le personnage enferme en lui. « C’est un matériau assez unique pour un acteur que de se retrouver confronter à incarner le propre subconscient de son personnage, lui-même subdivisé en plusieurs strates ! » souligne l’intéressé, avec cette même conviction qu’il insuffle à la cause écologique, son autre cheval de combat.

Cinéphile enthousiaste, toujours à l’écoute de son partenaire, DiCaprio à la ville comme à l’écran est loin d’aimer rester dans son coin. Au fond vivre seul dans une île, même la sienne, ce ne serait définitivement pas son truc. Tant mieux pour nous…