Le cri de la justice

Douze hommes en colère, l’adaptation française de la pièce de Reginald Rose dont les cinéphiles se souviennent encore du film éponyme, revient sur les planches du Théâtre Hébertot tous les soirs à 19h pour notre plus grand bonheur.

Un procès a eu lieu et l’on demande aux douze jurés de délibérer : l’accusé, âgé de seize ans, encourt la peine de mort. Sur les douze jurés, onze pensent avec certitude à la culpabilité du jeune homme. Le doute va s’immiscer en la personne de ce douzième homme (Thierry Frémont tout en conviction) et la pièce révéler bien des rebondissements psychologiques.

Francis Lombrail, le directeur du Théâtre Hébertot est un féru de cinéma. Il adapte ainsi ce chef-d’œuvre du septième art, Douze hommes en colère, et le joue chaque soir aux côtés de ses onze autres partenaires.

En réalité, il s’agit bien plutôt de treize homme sur scène : le treizième homme étant ce personnage accusé dont les douze autres vont tenter de comprendre les motivations et le présupposé passage à l’acte. 12 hommes réunis face à un seul homme (invisible). Une réunion qui semble faire implicitement référence à Jésus et ses douze apôtres, dans notre vision judéo-chrétienne de la recherche de la vérité coûte que coûte.

Les douze notes de notre humanité

Il faut aussi dire combien on est d’emblée impressionnés d’avoir ces douze hommes sur scène face à nous, ne quittant jamais le plateau, dans une mise en scène épurée et toujours fluide qui permet à chaque acteur d’y trouver sa liberté de jeu et d’incarner son personnage.

Sur le papier, il y a « Homme n°1 », « Homme n°2 », etc… Pas facile alors de trouver le fil rouge de son personnage. Un défi que Charles Tordjman relève brillamment avec ses comédiens.

Et en parlant de comédiens, il faut rappeler peut-être toute la difficulté « d’être » sur scène à douze, dans un espace voulu spécifiquement étouffant (accompagné de bruits d’orages) et de jouer chacun sa partition, sans parfois n’avoir aucun texte. Félicitons donc aussi ici les rôles secondaires qui laissent transparaître leurs émotions parfois à l’aide d’un seul juron, un simple regard ou soupir.

De l’opiniâtreté à dévoiler la vérité du personnage incarné par Thierry Frémont à celle de cet homme aveuglé par ses propres démons (Francis Lombrail), chacun de ces douze hommes en colère symbolise une note précise de notre fragile et belle humanité.

Une parole démocratique, en forme de cri, à (ré)entendre de toute urgence.

Douze hommes en colère

De Reginald Rose

Adaptation française de Francis Lombrail

Mise en scène de Charles Tordjman

Avec Thierry FREMONT,  Joeffrey BOURDENNET,  Antoine COURTRAY,  Philippe CRUBEZY,  Olivier CRUVEILLER,  
Adel DJEMAI,  Christian DRILLAUD,  Claude GUEDJ,  Roch LEIBOVICI,  Pierre-Alain LELEU,  Francis LOMBRAIL,  
Pascal TERNISIEN,  YVES LAMBRECHT,  Xavier DE GUILLEBON,  François RAÜCH DE ROBERTY.

Du jeudi au samedi à 19h et dimanche à 17h30

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