George Clooney et les chèvres de Venise

A Venise, la Mostra a ses jours de calme plat où rien ne se passe, à part la venue de quelques acteurs et réalisateurs asiatiques dont le directeur du festival est friand. Mais aucun festivalier digne de ce nom ne retiendra ce type de journée. Car Venise, c’est avant tout le lieu de prédilection de l’homme au charme le plus médiatisé de la planète, j’ai nommé Monsieur What Else ou George Clooney si vous préférez.


Il était une fois Venise. Avec cet été de septembre un peu particulier, caniculaire par instants puis capricieux par d’autres. Comme chaque année Venise accueille le cinéma mondial pendant une dizaine de jours. Italienne jusqu’au bout des ongles, la cité des Doges, se met sur son trente et un, prépare ses inimitables cocktails au Martini, arrange soigneusement les tenues haute couture de ses actrices madones et autorise avec insouciance la présence de bimbos (originaires de la télé berlusconienne) dont les couleurs criardes des mini-robes ne jurent pas tant que ça finalement avec le rouge à lèvres de leurs propriétaires toutes de silicones vêtues.

La journée Clooney à Venise vaut son pesant de cacahouètes pour le sociologue averti (comme pour la midinette en chaleur, par ailleurs). C’est une journée pas comme les autres dont le scénario est pourtant identique chaque année.

Le matin, juste avant la conférence de presse tant attendue par tous les festivaliers et habitants du Lido, une masse de photographes professionnels ou non guette souvent depuis des heures l’arrivée en motoscafo (le jet-taxi pour la Jet) de la star hollywoodienne qui s’arme de son plus beau sourire et de sa plus grande patience pour gagner l’entrée de l’hôtel Excelsior du sous-sol, en signant quelques autographes et en restant stoïque face aux hurlements du public (fans et journalistes confondus).

Quelques heures d’interviews VIP plus tard avec des journalistes italiens triés sur le volet, l’acteur suit docilement son attaché de presse et ses gardes du corps (qui se sentent investis d’une mission quasi christique : « il faut sauver le soldat George ! ») à l’embarcadère où à nouveau c’est la cohue, les cris, les demandes de mariage tout azimut, les séances d’évanouissements, etc. Direction, le palais des Festivals où aura lieu la fameuse conférence de presse, la grand- messe du festival.

Le passage obligé de la conférence de presse

L’acteur entre dans la salle, un peu paniqué à l’avance par l’hystérie qui va automatiquement se déclencher en sa présence. Ahhhhh !!!! Hiiii !!! Hoooo !!! Dgeorgeee !!! Qui a dit que les journalistes étaient des êtres purement objectifs et détachés de tout ?

Chaque année ou presque, on a droit au même ingrédient : l’intervention du faux journaliste. En 2003, George avait subi une demande en mariage de la part d’une journaliste anglaise (à la carte de presse inexistante), déguisée en mariée. Bon enfant, George Clooney avait joué le jeu, embrassé la folle et promis de l’épouser, tout en utilisant son célèbre sourire carnassier.

Pour la version vénitienne 2009, c’est un faux journaliste homo en tenue d’Adam qui a fait sa déclaration d’amour au pauvre acteur, sans voix. « Mettez-vous tout nu également » a-t’il fini par déclarer au journaliste suivant qui tentait de lui poser une sempiternelle question sur sa vie privée.

Comme chaque année donc, les journalistes deviennent chèvres en présence de George Clooney (ironie, ironie le film que promeut l’acteur cette année s’appelle L’Homme qui fixait les chèvres) et comme chaque année, ce dernier a droit à toutes les questions les plus farfelues sauf celles concernant son film.

Le rituel se poursuit avec la présentation de l’équipe du film le soir sur le tapis rouge. Les flashs crépitent. Les barrières sont recouvertes de messages d’amour en italien. Les fans ont campé là parfois la veille pour être sûrs de ne pas manquer l’arrivée de Clooney. Ce dernier se plie à la traditionnelle signature d’autographes, se laisse prendre en photos par certaines gamines en transe, plaisante virilement avec des fans du sexe masculin, fait un gros hug au directeur du festival. « Marco, mon pote, comment ça va ?! » Généralement une belle actrice italienne dont les dents rayent le tapis rouge traîne dans les parages (qui a dit que George était célibataire ?).

Oui, chaque année à Venise, c’est la même chose ou presque : les gens deviennent fous quand George Clooney apparaît. Ce dernier arbore un flegme à toute épreuve. C’est à la fois sa meilleure armure et sa marque de fabrique. What else, me direz-vous…

Crédits Photo : Isabelle Vautier.

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