Théâtre : Chien chien, fougueux mais inabouti
Dans le salon d’un hôtel luxueux, perdu sur une île, au bout du monde, deux jeunes femmes prennent l’apéritif en attendant le retour de leurs maris. Au théâtre de l’Atelier, cette pièce marque les débuts sur les planches de l’actrice Alice Taglioni, accompagnée par sa meilleure amie à la ville, Elodie Navarre. Un moment de théâtre joyeux mais inabouti.
Deux jeunes femmes sur un plateau. Deux jeunes femmes qui a priori ne se connaissent pas. La première, Linda (Alice Taglioni) est solaire, d’une élégance folle, femme du riche propriétaire des lieux. C’est elle qui visiblement tient les rênes de cette curieuse conversation, de plus en plus alcoolisée. La seconde, Leda, femme réservée, tailleur strict ne sait pas trop sur quel pied danser.
Soudain la pièce bascule: ces deux jeunes femmes ont un passé commun. Plutôt douloureux à déterrer. Une amitié de jeunesse, marquante, traumatisante. L’occasion pour Linda de mettre au point son petit jeu, son petit chantage sur Leda qui la laisse faire, sidérée.
Les répliques sont grinçantes et enjouées à la fois. Ces deux femmes retrouvent peu à peu le jeu sado-masochiste de leur jeunesse. On ne sait plus qui a le pouvoir sur l’autre. Qui fera le plus de mal.
La belle révélation d’Alice Taglioni
La pièce est sombre et finalement un peu creuse, prévisible dans son mécanisme, mais l’énergie et la présence d’Alice Taglioni restent frappantes. Féline, mutine, d’une élégance folle, elle renoue avec les héroïnes aussi ravissantes que manipulatrices des films d’Hitchcock. Une figure très solitaire aussi qui lui permet de jouer avec les failles de son personnage.
Elodie Navarre tire également son épingle du jeu, avec un personnage en apparence réservé, en apparence seulement! Mais tout ce joyeux cabotinage, toute cette fraîcheur de jeu ne parvient pas à masquer la prévisibilité de ce jeu de massacres, de cette forme de bizutage entre copines qui se retrouvent.
Les décors sont en fait à l’image de ce projet théâtral inabouti: à la fois cosy et luxueux, ils restent étonnement impersonnels, statiques, obligeant les comédiennes à se déplacer beaucoup trop souvent dans cet espace trop froid, voire même à venir ostensiblement se rapprocher du public. Comme l’incongruité d’un gros plan ciné dans ce qui reste avant tout une rencontre théâtrale.
Chien Chien divertit donc pour le jeu de ses comédiennes (dont la complicité est indéniable) mais ne convainc pas vraiment dans son propos et dans sa mise en scène trop désorganisée.
Dommage, dommage car Alice Taglioni nous épate vraiment dans ses premiers pas sur les planche!…
Chien Chien
Théâtre de l’Atelier
jusqu’au 4 décembre !