Gérard Depardieu, on the road again…

Après une émouvante standing ovation qui ouvre la masterclass organisée par le Forum des Images à l’adresse de Gérard Depardieu, ce dernier ne peut s’empêcher de lancer, histoire de mettre à l’aise tout le monde: « ça sent le sapin, ici! »…

Le journaliste Pascal Mérigeau est aussi un ami du grand Gégé. Il s’efface pour laisser parler son invité, grisé par l’écoute attentive de ce public du dimanche après-midi venu en masse peupler la grande salle du Forum. Des extraits de Quand j’étais chanteur, Tenue de soirée, La Femme d’à côté, Loulou, Buffet Froid et Cyrano viennent de nous rappeler, s’il le fallait, la force et la richesse de son jeu.


Gérard Depardieu, c’est d’abord une « nature ». Ce genre de comédien qui n’a pas peur de « se lancer » dans un métier qui l’a happé « par hasard. » Il passe ainsi très peu de temps par la case « école », à peine quelques mois chez Jean-Laurent Cochet. « En tant que jeune acteur, je ne me sentais pas investi d’une mission, comme certains jeunes comédiens de nos jours. Je vivais dans une grande liberté. Voilà tout. »

Lors du tournage de Sous le soleil de Satan, Gérard Depardieu remarque avec étonnement l’air de souffrance d’une figurante dont le simple rôle était de passer le balai dans le fond du cadre. Tétanisée par la caméra, elle était incapable de « passer à l’action ». « Cette scène-ci m’a frappée. Pour moi, bien au contraire, la caméra me transcende ! Je n’ai pas appris la technique, les règles mais tout de suite je savais ce que c’était qu’un objectif. Et j’ai vu plein d’acteurs « handicapés de la focale ». J’ai appris ça tout de suite, c’était ma survie! »

Truffaut, Pialat, Rappeneau, Resnais, Chabrol… Qu’apprend-on de tous ces metteurs en scène ? « Je dirai que nous avons ensemble appris nos libertés! Je ne pense pas qu’on puisse « apprendre » ce métier et de la même façon, je n’aime pas ce côté pervers de la transmission. Je me sens trop jeune pour transmettre quoique ce soit! Disons que je suis plutôt un entremetteur: j’ai fait se rencontrer beaucoup de gens. »

La parole chez Depardieu est volubile, animée, ironique, tendre, sincère, révoltée aussi. Les anecdotes sont nombreuses, comme ses digressions: sur la folle passion de Truffaut pour Fanny Ardant à laquelle il a été témoin pendant le tournage de La Femme d’à côté, sur l’haleine très convaincante de Toscan du Plantier (dans un grand éclat de rire, il déclare: On était obligé de lui dire « oui » tout de suite!), sur les rares mais mémorables engueulades qu’il a eu avec Rappeneau lors du tournage de Cyrano (J’ai même cassé une armoire tellement j’étais énervé! ), sur sa difficulté à travailler en anglais (J’ai rien compris pendant le tournage de Green Card, dit-il, à nouveau le sourire aux lèvres), sur le choc profond qu’il a ressenti quand Hollywood l’a accusé de viol pendant la campagne des Oscars (Je ne peux pas retourner travailler là-bas… mais je les ai fait venir en Europe!).

Généreux et boulimique, c’est ce que l’on retient de cet homme qui a accepté, malgré sa grande pudeur, de se dévoiler un peu. Mais déjà, celui qui a fait plus de 250 films, passé lui-même à la réalisation, travailler des vignes et inspiré tant de cinéastes, regarde sa montre. Il commence à s’ennuyer, ne peut plus tenir en place. D’autres aventures l’attendent. Des adieux au public, salut, une pirouette et puis s’en va ! On the road again

Crédits Photos TFM Distribution

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