Critique cinéma: The Revenant
Un réalisateur et un casting de dingue, des Oscars pour accompagner sa sortie internationale en salles, oui, The Revenant a déjà fait couler beaucoup d’encre. Leonardo DiCaprio a brandi fièrement son Oscar du meilleur acteur pour ce film et toute la planète s’en est réjouie. Mais qu’en est-il vraiment du film ? Un chef-d’œuvre ou un film hollywoodien archi-formaté ? Pire, un nanar ?
Tous ces avis ont été habilement drainés récemment par les médias. Certains, astucieusement, pour créer le buzz ou se différencier des autres innombrables critiques ont proposé des « pour » et des « contre ». Et toi, cher lecteur, eh bien, débrouille-toi avec ça !
Pour ma part, mon avis est on ne peut plus tranché. Ce film est une œuvre d’art à part entière et ce, à plusieurs titres.
Tout d’abord dans son propos. L’intrigue se passe au XIXème siècle dans les contrées encore sauvages de l’Amérique (le film a été tourné en Patagonie dans des conditions particulièrement extrêmes). A travers le personnage principal de Glass, incarné par Leonardo DiCaprio, ce trappeur grièvement blessé et abandonné par ses équipiers en pleine nature hostile, c’est justement la question du rapport de l’homme à la nature qui est ici soulevée.
Les Indiens qui occupent alors encore cette région, en la défendant bec et ongles, sont loin d’être gentils, certes. Idem pour ces soldats américains, assoiffés par l’argent procuré par le très lucratif commerce des peaux de bêtes. Le pillage de la terre par l’homme ne date pas d’hier, loin de là. Mais qui est le plus sauvage de ces deux espèces d’humanité ?
Mais revenons au personnage principal. Certes, le trappeur Glass est motivé principalement par la vengeance. Mais c’est aussi un personnage en totale connexion avec la nature, comme avec la tradition indienne ancestrale. En cela, DiCaprio se détache de la tradition « scorsesienne » de ses précédents rôles. Au-delà de la performance physique de l’acteur que nécessitait ce rôle, c’est probablement cette question du rapport de cet homme qui respecte intrinsèquement la nature qui a fasciné DiCaprio, très investi dans la question environnementale.
Du travail d’orfèvre
Face aux scènes stupéfiantes du combat avec le grizzli ou le fait de se réfugier dans le corps d’un cheval éviscéré (essayer d’y rentrer autrement ?!), les journalistes abasourdis ont tôt fait de s’en moquer. Pourtant le réalisme est bel et bien présent dans ces scènes d’anthologie de cinéma.
Il faut également y apprécier l’extrême poésie des lieux qui se dégagent (magnifiques travelling, plongées et autre contre-plongées sur cette montagne et ces contrées immenses), et celle plus transcendantale qui a permis au héros de traverser la mort, à travers ce combat incessant pour sa propre survie.
Alors bien sûr, le film est violent et n’aurait peut-être pas dû être autorisé au moins de 18 ans. Mais en même temps, le sujet-même, cette violence humaine souterraine en écho à la violence de la nature ne pouvait être traité autrement.
Il faut également saluer ici le travail sur le son (le bruit du vent dans ces arbres immenses qui ne cessent de craquer) et sur la lumière (c’est tout simplement du travail d’orfèvre). Et le très beau travail de comédien de Thomas Hardy dans un second rôle haut en couleurs.
C’est dur, c’est âpre, c’est beau et cela remet en question en permanence notre propre humanité. Les images sublimes restent longtemps en tête. A ne surtout pas manquer.
The Revenant De Alejandro González Iñárritu Avec Leonardo DiCaprio, Thomas Hardy, etc. Actuellement à l’affiche.