Claire Borotra s’est pleinement investie dans cette pièce puisqu’elle signe à la fois l’interprétation, l’écriture et la co-mise en scène d’avec Sally Micaleff. A des années-lumière de l’image de Marilyn Monroe, icône hollywoodienne, Claire Borotra explore la face intime, la face humaine de cette femme-artiste si attachante.

Sur la scène un lit et quelques affaires féminines disséminées sur le plateau : quelques paires de chaussures, robes, nuisettes, etc. L’éclairage est chaleureux. Norma Jeane Baker se raconte, dans cette chambre qui est son lieu de refuge, dans son intimité la plus profonde.

Enfant, sa mère l’a abandonnée dans un orphelinat. La jeune Norma Jeane souffre cruellement de cet abandon, une perte de repères qui va la hanter toute sa vie. Elle se réfugie dans la lecture, se marie à 16 ans et signe son premier contrat avec la Fox quelques années plus tard.

Son sex appeal, sa joie de vivre font mouche dans les studios hollywoodiens, cet univers éminemment masculin « qui manque tant d’imagination, un comble pour des hommes de cinéma ! ». En effet, Marilyn Monroe, ce double iconique de Norma Jeane, se sent très vite emprisonnée dans ces rôles de blondes parfaitement idiotes. Dans cette projection du désir masculin qu’elle représente dans les quatre coins de la planète.

L’enfant meurtrie derrière l’icône

Et c’est hélas ainsi que la voient également ses illustres amants. Une fausse-couche vient raviver sa blessure première : non, Marilyn ne sera pas mère comme elle aurait tant souhaité, pour enfin donner ce qu’elle n’a jamais reçu. Alors le piège se referme sur Marilyn…

Claire Borotra, belle, fragile, élégante, explore sur le plateau la femme derrière l’icône. Elle nous la rend si touchante, si proche de nous que l’émotion est palpable et le public recueilli tout au long de la pièce.

Cette réflexion de la femme derrière la comédienne est pertinente parce que c’est une comédienne de notre époque qui interroge Marilyn, femme éminemment moderne, profonde, sensible. Dans ce portrait de femme, écrit en à peine quinze jours, il n’y a jamais de jugement ou de signes d’idolâtrie mal placés. Il faut ainsi saluer la démarche sincère de Claire Borotra et l’énergie qu’elle déploie sur le plateau.

Marilyne intime, cette enfant meurtrie, cette femme complexe se révèle ainsi bien plus proche de nous que l’on ne pouvait l’imaginer…