1h22 avant la fin, petit bijou de comédie noire
En ce moment à la Scala, Matthieu Delaporte, signe une comédie surprenante à plus d’un titre, accompagné à la mise en scène, depuis le succès du Prénom, par son complice de toujours, Alexandre de la Patellière.
Alors que Bertrand (Kyan Khojandi) a tout prévu pour se suicider bien comme il faut, un homme (Eric Elmosnino) frappe à sa porte, déterminé à le tuer.
La pièce d’emblée nous plonge en empathie avec le personnage de Bertrand, qui se retrouve soudain réduit à tout faire pour… sauver sa peau ! Avec beaucoup d’humour et d’affection pour son personnage, l’auteur dessine un portrait de trentenaire, dont l’autodérision à la boutonnière tente de masquer la profonde solitude (de sa génération, peut-être ?). Face à cet homme étrange, à l’humeur imprévisible et détenteur d’un surprenant secret, il va progressivement renaître et se révéler à lui-même.
Car l’intrigue de cette comédie est construite à travers plusieurs twists qui rendent cette confrontation surprenante et toujours savoureuse. Dans cette ouverture psychologique du héros vers l’extérieur, l’intrigue entremêle humour et poésie pour nous plonger à quelques minutes de la fin dans une comédie romantique inattendue.
Une écriture et une interprétation toute en finesse
La musique et les références cinématographiques nourrissent le texte et l’ambiance générale de la pièce, ce qui confère à l’ensemble une note romantico-poétique très intéressante, accompagnée par un savant jeu de lumières et une architecture des décors très pertinente.
Une richesse de la pièce à laquelle répond une interprétation tout en nuances. Kyan khojandji (révélé dans la série Bref) avec un naturel remarquable, incarne ce personnage drôle, pudique, et décalé. Terriblement attachant, en somme.
Eric Elmosnino n’est pas en reste avec son personnage tour à tour violent, bourru, tendre et goguenard. Adèle Simphal, enfin, comme une apparition, incarne ce personnage féminin avec beaucoup de grâce et de tendresse, apportant au dénouement une toute nouvelle dimension.
Une belle découverte en ce moment dans cette salle bleutée et élégante de la Scala, toujours ouverte à l’exigence et à l’inattendu.
1h22 avant la fin De Matthieu Delaporte Mise en scène par Matthieu Delaporte et Alexandre de La Patellière Avec Kyan Khojandi, Éric Elmosnino, Adèle Simphal. À la Scala jusqu’au 31 mars, du mardi au dimanche, de 15 à 59 euros. Crédits photos : Pascal Gély.