La Maison du Loup ou le saisissant appel de l’écriture

Créée déjà avec beaucoup de succès en Avignon, en 2021, La Maison du Loup de Benoît Solès (auréolé de ses 4 Molières en 2019 pour La Machine de Turing) arrive au Théâtre Rive Gauche avec une proposition d’une très belle et puissante justesse.

C’est dans l’univers âpre et ombragé de Jack London, le romancier et aventurier aux mille vies que Benoît Solès nous convie. A travers une rencontre-choc entre le célèbre romancier américain, sa femme et ce personnage méconnu, Ed Morrell, un ancien prisonnier venu plaider la cause de son co-détenu et ami Jacob Heimer condamné à la peine capitale.

Trois personnages d’une grande richesse se donnent ainsi la réplique, dans cette Maison du Loup, propriété que l’on imagine immense, isolée et sauvage, notamment grâce à la scénographie très inventive de Juliette Azzopardi. Le choix du titre de cette pièce, n’est pas anodin, le célèbre ranch du romancier, la « Wolf House », est aussi le lieu où tous les instincts animaux se dessinent. C’est cette dimension animale des relations qui se tissent entre les trois personnages que Tristan Petitgirard a choisi d’explorer avec beaucoup d’attention dans sa mise en scène.

Auteur-acteur, Benoît Solès a, quant à lui, exploré ce personnage de Ed Morell dans toute sa richesse physique et psychologique. Celui qui a inspiré l’un des derniers livres de London, Le Vagabond des étoiles, est à la fois un repris de justice, un idéaliste et un révolté de tous les systèmes. Comme le définit lui-même son interprète, il est « un funambule boiteux, qui vacille souvent mais ne tombe pas. » La façon dont Solès fait vivre sur scène les conditions atroces de sa vie carcérale fait particulièrement froid dans le dos.

photo tous droits réservés Fabienne Rappeneau. Toute utilisation, diffusion interdite sans autorisation de l'auteur.

droits réservés : Fabienne Rappeneau. Avec Anne Plantey, Benoît Solès et Amaury de Crayencour, Théâtre Rive Gauche.

Dans l’antre du loup Jack London

Face à lui, Amaury de Crayencour compose avec beaucoup de justesse et d’âme un Jack London, rugueux, alcoolique, dépressif, faussement désabusé et sans le savoir, malgré son jeune âge, au crépuscule de sa vie (il mourra à l’âge de 40 ans), qui peu à peu, sort de sa léthargie pour répondre enfin à l’appel de l’écriture.

Charmian, son épouse, ou plutôt sa « partenaire » est une femme résolument moderne, pragmatique, maîtresse femme et tête pensante. Celle qui ne s’en laisse pas compter, sensible aux causes justes pour faire évoluer la société de son époque, Anne Plantey, son interprète, parvient également avec beaucoup de finesse, à en dévoiler toutes les fêlures, notamment lors de sa rencontre avec Ed Morell qui fait tout vaciller.

Cette pièce, écrite lors du confinement, se fait d’autant plus l’éloge de la liberté et du respect aux droits de l’homme les plus stricts (y compris dans l’univers carcéral).

Jeudi dernier, au Théâtre Rive Gauche, la première de La Maison du Loup a pris son public à la gorge, se révélant ici un rendez-vous incontournable de cette rentrée théâtrale.

La Maison du Loup

De Benoît Solès
Mise en scène de Tristan Petitgirard
Avec Benoît Solès, Amaury de Crayencour et Anne Plantey
Théâtre Rive Gauche
Du mercredi au samedi à 21h, matinées les dimanche à 15h

Réservation : 01 43 35 32 31

 

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