Nuits de la Mayenne 2024 : Cher Journal…
L’été, les beaux jours reviennent et les festivals fleurissent enfin. Celui des Nuits de la Mayenne souffle déjà ses 51 bougies. Il débute le soir-même de ma venue, un fameux lundi 15 juillet. Pour la deuxième année consécutive, je prends le train pour Laval. Pas de chance cette fois-ci, il aura du retard.
Mais à la sortie de la gare, la toujours aussi chaleureuse équipe du Festival est là pour nous accueillir, équipe artistique du spectacle d’ouverture et compagnons festivaliers. Après avoir posé les valises à l’hôtel, direction la ville d’Evron !
Un lancement à couper… le sifflet !
Pour cause de météo incertaine, la cérémonie d’ouverture a finalement lieu dans la salle municipale d’Evron et pas moins de 500 spectateurs sont venus écouter Fred Radix, siffleur hors-compétition.
Siffleur ? Oui, vous avez bien lu. Celui qui a sifflé quelques un des plus grands airs de la musique classique a également sifflé des musiques de films et même… de séries TV pour notre plus grande joie !
Petits et grands se sont pris au jeu, jusqu’au grand rendez-vous de la chorale improvisée avec le public ou altos et sopranos se sont affrontés sous la baguette de l’artiste (ravi de reprendre son souffle) dans un duel de sifflets musicaux sans merci.
Fred Radix n’est pas seulement un musicien averti. C’est un véritable homme de scène, meneur de troupe et humoriste doux dingue, entouré de ses « demoiselles » musiciennes qui l’accompagnent dans toutes ses cabrioles avec une fidélité… à tout crin !
Jusqu’au 8 août prochain, Les Nuits de la Mayenne va poursuivre sa mission initiale et itinérante de réunir citadins, ruraux, touristes et résidents autour du spectacle vivant à la rencontre du patrimoine régional.
Day off et un peu de tourisme mayennais !
Le lendemain, direction le château de Sainte-Suzanne où devait avoir lieu initialement la représentation de la veille. Il faut avouer qu’une soirée dans ses splendides remparts médiévaux datant du XIème siècle a de quoi faire rêver…
Construit sur un éperon rocheux dominant la vallée de l’Erve, le château de Sainte-Suzanne en a vu passer des guerres ! En 1087, la forteresse repousse Guillaume le Conquérant. En 1613, Guillaume Fouquet de la Varenne, ministre d’Henri IV, laisse inachevé son projet de demeure sur les ruines de la forteresse. Du donjon du 11e siècle au logis du 17e siècle, le château de Sainte-Suzanne offre également une vue imprenable sur la région.
Le village de Sainte-Suzanne quant à lui recèle également plein de trésors : des buissons d’hortensias, aux boutiques d’artisans sans âge, une petite église de granit… Tout nous rappelle sa situation géographique aux portes de la Bretagne. On a même vu partir au loin un prêtre en soutane noire en direction du cimetière… « Ameno, Ameno » comme chanterait Era… Une brasserie bourdonnante de clients nous propose un déjeuner copieux et de qualité.
Le lendemain, visite du domaine du Sieur Robert Tatin (non, aucun rapport avec la célèbre tarte Tatin), artiste multiple du XXème siècle : céramiste, peintre, lithographe, créateur de vêtements, sculpteur et même architecte ! Ce grand voyageur a finalement posé ses valises sur le lieu-dit « La Frénouse » à Cossé-le-Vivien, terre des ses ancêtres. Dès 1962, il entreprend de faire de ce lieu un musée à ciel ouvert, un fabuleux « environnement d’art ».
A travers ses sculptures qui rappellent beaucoup l’époque des Surréalistes, celui qui ne se revendique pourtant d’aucun bord artistique, rend hommage aux artistes qui l’inspire : Picasso, Satie, Toulouse-Lautrec, Camille Claudel… Il faut s’attarder dans le jardin monumental des Méditations ou pousser la porte de la maison de l’artiste réaménagée par lui et son épouse, Lise, de trente ans sa cadette.
De l’extérieur, comme de l’intérieur, c’est un peu la maison des 7 nains de Blanche-Neige. Mais tout a été pensé pour offrir à ses occupants, confort et occasion de créer ou de rêver à deux.
Un peu plus tard dans la journée, on s’improvise petite souris pour assister aux derniers moments de répétitions de François Morel et de ses acolytes dans la cour du Lycée Ambroise Paré de Laval. Ce dernier est installé dans l’ancien couvent des Ursulines construit par Étienne Corbineau entre 1620 et 1626. Ancien lycée de garçons (lycée de Laval), il porte le nom d’Ambroise Paré, originaire de la ville. Privilège de festivalière, nous dînerons même en compagnie du comédien, avant de rejoindre le public, en train d’investir progressivement les gradins qui pour l’occasion accueillent un peu plus de 600 personnes.
François Morel chante !
Cela lui ressemble plutôt bien ce petit moment suspendu, drôle, décalé, poète, doux et dingue à la fois dans cette cour de lycée lavalloise, transformée pour l’occasion en lieu de concert, à la faveur de la nuit tombante.
Un lieu idéal pour cet artiste multifacette qui a toujours su cultiver sa part d’enfant, ce côté adolescent qui ne grandit jamais vraiment, posant un regard faussement candide sur notre société.
« C’est encore loin, l’enfance ? », chante-t’il justement, accompagné par ses malicieux complices le compositeur et pianiste Antoine Sahler, Muriel Gastebois (batterie et percussions) et Amos Mah (contrebasse, violoncelle et guitares).
Quand François Morel chante, il y a Brassens, Prévert et même Sempé jamais bien loin. Comme ces derniers, il s’amuse à disséquer les cocasseries de nos existences, fait l’inventaire de tous ces « trucs inutiles » dans nos vies. Il s’attarde sur l’immortalité d’un baiser. S’indigne aussi ou célèbre l’amitié, le charme du désuet, la fraternité des gens de la mer et la richesse des mots.
Dans la cour du lycée, la poésie ainsi convoquée s’accompagne d’un bruissement de vol d’oiseaux nocturnes ou d’une lune qui cesse soudain de se cacher derrière un nuage.
Le charme des Nuits de la Mayenne ne fait que commencer !…
Pour plus d’infos sur le festival, voir mon récent article ici : La 51ème édition des Nuits de la Mayenne