Notre-Dame : Reine de douleurs, reine de victoire

Un peu comme dans la grotte de Lourdes, nous voici entraînés, dans la petite salle du Poche vers la ferveur intime. Celle d’un écrivain pour un lieu pas comme les autres et qu’il a exploré au fil des ans de mille et une façons. Des comédiens en alternance liront ses textes, ainsi que ceux de Sébastien Spitzer, extraits de Sauver ou périr, de la Brigade des Sapeurs-Pompiers de Paris (Albin Michel) et de Laurence Bost, auteure du livre d’art Les gardiens du geste (Ed. Gallimard). Ce soir-là, Samuel Labarthe a prêté sa voix et toute sa sensibilité au récit de cette grande fresque.

Quand on arrive dans la pièce, encadrée pour l’occasion par de très beaux panneaux gris et blancs représentant les surprenants hôtes de Notre-Dame, avec la disposition d’objets symbolisant la cathédrale (pierres, morceaux de poutres), auréolée par des bougies et des drapés on se croit tout de suite face à un autel.

Sylvain Tesson est déjà assis à la table, impatient de partager avec le public sa passion pour la grande dame qui fait battre le cœur de Paris depuis le XIIème siècle (elle ne sera consacrée que deux siècles plus tard).

Dès son adolescence, il s’est fait alpiniste de cathédrales. C’est le chapitre 1 du récit : « Les cathédrales escaladent le ciel. Nous escaladions les cathédrales. Vues d’en haut, elles ressemblent à la carcasse d’un coléoptère monstrueux pris dans la toile d’araignée de la ville. »

Après le terrible accident qui le cloue dans un lit d’hôpital en 2014 et lui laisse des séquelles importantes, renouer pas à pas avec l’ascension de la plus célèbre des cathédrales et de ses 400 marches va lui redonner toute l’énergie nécessaire pour se réconcilier avec son corps meurtri. C’est le chapitre 2.

Notre Dame, Reine de douleur, reine de victoire les voyages à Notre dame de Sylvain Tesson lus par Samuel Labarthe, Francois Marthouret, Claude Aufaure et Christophe Barbier, filage auThéâtre de Poche-Montparnasse

Notre Dame, Reine de douleur, reine de victoire les voyages à Notre dame de Sylvain Tesson lus par Samuel Labarthe, Francois Marthouret, Claude Aufaure et Christophe Barbier, filage auThéâtre de Poche-Montparnasse

Travailler, c’est prier

15 avril 2019. Il est sept heures du soir et l’incendie fait rage dans l’Eglise. Victor Hugo l’avait prédit. Les combattants du feu vont affronter la « Bête » : « la bouche du Diable » (…) une bête que nous avions devant nous, je ne combattais pas un feu mais une présence, la cathédrale n’appelait pas au secours mais elle appelait à l’aide, déclarera le général Gallet, commandant de la brigade des sapeurs-pompiers de Paris (BSPP) et qui a joué un rôle crucial lors de l’incendie. C’est le chapitre 3.

Le titre du chapitre 4, je ne le comprends pas tout de suite : « Les mains orantes ». Ce sont celles des artisans, humbles artistes restés dans l’anonymat, qui ont redonné vie au monument, patiemment durant quatre ans.

« Orare : Prier. Ce bon vieux latin qui refait surface là où on ne l’attend pas. « Les mains qui prient », bien sûr.

« Leur concentration touche à une forme de dévotion. », écrira Laurence Bost qui ne peut alors s’empêcher de penser à Charles Péguy, à propos des artisans qu’il a bien connu et côtoyé : « J’ai vu toute mon enfance rempailler les chaises exactement du même esprit et du même cœur, et de la même main que ce même peuple avait taillé ses cathédrales (…) Ils disaient en riant, et pour embêter les curés que travailler, c’est prier, et ils ne croyaient pas si bien dire. Tant leur travail était une prière ».

Notre-Dame : Reine de douleurs, reine de victoire

LECTURE - Textes de Sylvain TESSON
Lus en alternance par Samuel LABARTHE, François MARTHOURET, Claude AUFAURE et Christophe BARBIER

Depuis le 12 novembre 2024.

Poche Montparnasse
Du mardi au samedi à 21h
Pour en savoir plus : cliquer ici !
Tel : 01 45 44 50 21
Sylvain TESSON interviendra en ouverture de la lecture les 19, 26, 27, 28 et 29 novembre et les 3, 5, 10, 17, 18 et 19  décembre.

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