Bonjour, enfermez moi
Jeudi dernier, dans la salle pleine de ferveur du Théâtre de la Flèche, rue de Charonne, j’ai assisté à un très bel événement : la naissance de Bonjour, enfermez-moi, un spectacle sincère, enflammé et hautement inflammable à la fois.
Sur scène, une femme (Anna Jouan) est prisonnière de corps et d’esprit. Elle se débat contre l’Autre et elle-même à la fois. Au sol, d’innombrables papiers froissés, qu’elle balaiera progressivement en même temps que ses souvenirs et ses craintes intimes.
La comédienne joue une femme, ou plutôt une femme dans tous ses états et pourrait-on dire aussi de tous les âges, qui se libère d’elle-même. C’est un vrai challenge de comédienne, dans une torsion psychologique très forte, ici brillamment relevé.
S’émanciper de sa douloureuse chrysalide
La mise en scène à la fois sobre et inventive de Thomas Lempire utilise tout un patchwork de matériau sonore et visuel pour accompagner le parcours de la comédienne, qui s’exprime avec intensité par la danse, le mime, et l’ajout d’extraits de films et d’enregistrements de voix du passé, véritables trésors redécouverts dans le grenier de l’interprète.
Cette chenille qui se transforme en papillon est sur scène un spectacle très beau à voir.
La musique rythme, éclectique, le jeu de la comédienne et stimule notre imaginaire. Elle est, par ailleurs, créée en « live » par Marion Ruault, cachée dans le fond de la scène.
Depuis 2019, ce seule en scène « al dente » a été cuisiné avec amour par son auteure et interprète, avec une mise en scène aux petits oignons, et le très attentif travail chorégraphique de Jeanne Alechinsky et de Noé Loridan à la lumière.
C’est une une longue vie que je souhaite à ce spectacle unique, déroutant et bouleversant à la fois.
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