Critique théâtre: Pigments
Pigments relate ce qui fait le sel d’une histoire d’amour. Surtout quand celle-ci s’achève brutalement pour mieux renaître de ses cendres. Comment un couple se forme, s’apprivoise, se déchire pour mieux se (re)découvrir? Nicolas Taffin signe ici une jolie comédie romantique, plus tourmentée qu’il n’y paraît et joue aux côtés de la fragile et émouvante Mathilde Moulinat. Sur le plateau intime du Théâtre de la Contrescarpe, on croit très vite à cette seconde chance tendue à l’Amour…
Nicolas est neurologue, Chloé est peintre. Ils s’aiment depuis quatre ans avec toute la fougue, la naïveté, la maladresse et l’humour d’un couple qui apprend à mieux se connaître. Dans cet espace un peu confiné de l’appartement partagé, la vie quotidienne et l’usure du temps s’installe petit à petit, comme ça, sans crier gare. « C’est la vie. »
Le spectateur ne tarde pas à s’insurger comme Nicolas par cette triste nouvelle qui vient soudain briser l’heureuse idylle: Chloé trompe Nicolas. Le glas de l’amour a sonné ? Pas forcément car un autre événement vient donner un second souffle à cette romance. Chloé, victime d’un accident perd la mémoire et notamment celle de l’existence de son compagnon. Un neurologue bien intentionné (vous aurez très vite deviné l’identité) accompagne Chloé dans la quête de son passé à reconstruire.
Si l’intrigue est un brin convenue, la pièce fait la part belle au jeu des acteurs. Mathilde Moulinat déploie avec beaucoup de fraîcheur une jolie palette de sentiments mêlés (enthousiasme, passion, sensibilité artistique, humour mais aussi méfiance, souffrance, inquiétude, rébellion); Nicolas Taffin est également très crédible dans la position d’amant trompé qui se cache derrière son rôle de praticien charismatique pour mieux savourer sa vengeance…
En filigrane, Pigments évoque la reconstruction, la recherche d’un Amour plus profond à travers un travail sur les souvenirs, pour mieux comprendre ce qui fait l’identité intrinsèque de l’autre dans un couple. A l’image du cerveau embrouillé de Chloé, le décor de cet appartement confiné, strié de fils blancs et d’images du passé est finalement en mutation, accompagné d’une musique de Diane Poitrenaud spécialement créée pour la pièce.
Le rythme est efficace, l’humour et l’émotion souvent au rendez-vous. Roméo & Juliette, ou bien même simplement Bridget Jones, vous savez ce qu’il vous reste à faire…
Pigments De Nicolas Taffin Avec Mathilde Moulinat et Nicolas Taffin Mise en scène de Elodie Wallace vendredis, samedis à 21h30 et dimanches à 19h à partir du 16 septembre 2016 Théâtre de la Contrescarpe Réservation : 01 42 01 81 88