Félix Lefebvre, la soif d’incarner
Passionné de théâtre dès l’âge de 12 ans, il plonge dans la marmite du cinéma à 16, à l’occasion d’un premier court métrage. A tout juste 23 ans, les cheveux blonds, le pull en laine caramel et le regard chaleureux, Félix Lefebvre s’installe en face de moi à une table, dans la grande salle de la péniche Rosa Bonheur qui sert ce jour-là de lieu de promotion. Non loin de là, Cécile de France répond à un dernier entretien filmé. Le bal promotionnel parisien est presque terminé.
Dans La Passagère d’Héloïse Pelloquet, l’acteur compose avec Cécile de France une relation amoureuse trouble et fragile, avec pour toile de fond le difficile métier de marin pêcheur et la mer tempêtueuse pour collègue de tous les instants.
Découvert en 2020 dans Eté 85 de François Ozon, ce premier rôle principal (mais aussi premier rôle dans un long métrage) lui vaudra une nomination au César du meilleur espoir masculin et un prix Lumière de la révélation masculine, partagé avec son partenaire à l’écran, Benjamin Voisin. On ne peut s’empêcher ici de lui demander d’abord ce qu’il a ressenti en travaillant au contact de François Ozon.
Avec François Ozon, je me suis senti libre « comme jamais ».
« C’est un arc-en-ciel de génie. Il est capable de tout faire, dans tous les registres, toujours au même niveau. Un metteur en scène fascinant, qui plus est, tellement humain et bienveillant. C’est vraiment une joie et une chance de pouvoir travailler avec lui. »
On veut en savoir plus, bien sûr. Comment Ozon l’a accompagné sur ce premier rôle principal, par exemple. « On a développé une relation assez particulière. Il a pu m’aider pour m’aiguiller dans certains choix mais sans jamais rien m’imposer ou me dire quoi faire. Il est très chaleureux. Toujours là pour moi. C’est très agréable de sentir que dans ce milieu, on peut aussi créer des relations qui durent et qui ne sont pas qu’éphémères. »
Pas étonnant que ces deux-là rempilent avec le film choral Mon Crime, qui sortira en mars 2023. « Quand je me suis retrouvé à nouveau devant la caméra de François, j’ai tout de suite ressenti ce regard familier se poser sur moi et me donner à nouveau tant de confiance. Dès le premier « Action ! », je me suis senti capable de tout, libre comme jamais. »
Héloïse Pelloquet a un véritable don pour inclure son comédien dans le processus créatif.
Au moment du casting de La Passagère, la réalisatrice et scénariste Héloïse Pelloquet (qui signe ici son premier long métrage) avait bien quelques doutes vis-à-vis du jeune comédien dans ce rôle. Le personnage de Maxence, apprenti marin-pêcheur de 20 ans, dans La Passagère ne ressemblait en rien à celui d’Eté 85. Elle accepte toutefois de lui donner sa chance.
« Héloïse est hyper sensible, avec un regard unique sur les comédiens. Comme j’avais pu voir ses courts avant, j’étais déjà fasciné par son talent de réalisatrice et directrice d’acteurs. J’avais envie d’être sous l’œil de sa caméra. Après, sur le tournage, c’était une vraie joie de travailler ensemble. Elle a un véritable don pour inclure son comédien dans le processus créatif, tout en l’emmenant vraiment dans sa vision, son univers à elle, d’une manière très douce et très subtile. C’est très agréable. »
Cécile de France a cette éthique de travail, cet investissement de tous les instants et cette humilité qui font d’elle une grande actrice.
Le rôle de ce jeune apprenti, en mer pour gagner sa vie et sur terre pour charmer Chiara (le personnage incarnée par la lumineuse Cécile de France) s’est révélé un rôle très physique. « Tout à fait. J’ai suivi une bonne préparation physique pour ce film, avec pas mal de sport, pour me sentir à l’aise dans mon corps, être un peu musclé. Pour avoir l’audace de charmer cette belle femme et aussi celle de m’engager en tant que marin pêcheur. J’ai appris aussi le hautbois et ça c’est très dur. C’est un instrument extrêmement exigeant. On a suivi aussi un stage de marin pêcheur avec Cécile et Grégoire, pendant quelques jours avec Noël, un vrai marin pêcheur qui nous a appris les gestes exactes de ce métier. C’était génial d’apprendre », s’enthousiasme l’acteur.
Pour incarner cette relation trouble qui se tisse peu à peu entre Chiara et Maxence, le comédien décrit ainsi son travail avec sa partenaire : « on plongeait ensemble dans les scènes. On discutait un petit peu mais pas tant que ça finalement. Tout se faisait un peu sur le moment. On se comprenait sans savoir trop pourquoi. D’un simple regard. Et ça c’est vraiment une chance de trouver un partenaire avec qui développer une complicité comme ça, aussi naturellement. »
La Passagère d’Héloïse Pelloquet sort en salles le 28 décembre.
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