Festival de Cabourg 2015 : Les coulisses
Plonger dans le bain d’un festival de cinéma, psychologiquement et sociologiquement, en soi, est toujours une expérience décapante. L’édition 2015 du Festival de Cabourg n’a visiblement pas échappé à la règle.
Je me suis dit que plutôt que vous raconter chronologiquement ces deux jours de festivals, il était plus intéressant de vous parler directement des différentes rencontres qui ont parsemé ce court mais intense séjour. Tout d’abord, quand vous foulez le sol de la gare de Caen, il y a la première catégorie de personnages, vitale au bon fonctionnement du festival, j’ai nommé les « bénévoles », ces braves petits soldats qui vous véhiculent avec le sourire, enthousiastes de partager ces quelques moments d’échanges timides entre journalistes, jeunes réalisateurs ou comédiens aguerris.
Vos affaires rapidement déposées à l’hôtel, vous voici sur le point de rencontrer la deuxième catégorie de personnages, tout aussi indispensables que les bénévoles dans un festival, quand l’efficacité se révèle avérée. Pendant quelques jours, l’attaché de presse va régner en son domaine. Il possède le pouvoir de faire de votre soirée un agréable moment en compagnie de comédiens triés sur le volet, souvent plus bienveillants que ne le laissent entendre leurs agents, ou bien de vous obliger à passer au plan B : la soirée crêpes entre joyeux « évités » (vous l’aurez compris, la race contraire des « invités), qui risquera fort de terminer à 21h30, par une soirée résolument pluvieuse…
Pour éviter ce triste scénario, tous les coups sont permis et la « bataille peut commencer ! »…
« Les chaises musicales »
Au fond, cette année, il y avait un délicieux film qui résumait assez l’atmosphère de ce Cabourg orageux, zébré de soleil et de pluie : Les Chaises musicales, premier film de Marie Belhomme, dans le sens où comme l’héroïne Perrine (Isabelle Carré) l’expérimente, il n’est pas si simple de trouver sa place et de pouvoir s’asseoir quelque part…
En effet, cette année, il ne nous a pas été permis de voir beaucoup de films, les festivaliers devant passer par le même système de billetterie que les habitants de Cabourg, qui savamment organisés (mais aussi était-ce lié à la sagesse de l’âge?), tels une bande de corneilles aguerries « razziaient » toutes les places de cinéma, une ou deux journée avant le jour J.
Bref, j’ai un peu honte à l’avouer mais en deux jours, je n’ai vu que… 3 films ! Et parmi eux, je n’en retiendrai vraiment qu’un d’un point de vue « purement cinématographique » : Cinq jours en juin (1988), le film de Michel Legrand (oui, vous avez bien lu, le compositeur, Michel Legrand, devenu le temps d’un film un brillant réalisateur ! ).
Le film, en question, qu’il nous présenta ce samedi matin avec un joli brin d’émotion, était inspiré de sa propre vie, au moment de la Libération quand les Alliés débarquent et que le même jour, il obtient son prix au Conservatoire de musique de Paris. En compagnie de sa mère (la vibrante Annie Girardot) et d’une femme bien surprenante (pétillante Sabine Azéma), le jeune héros (Matthieu Rozé) traverse la France en bicyclette, pour rejoindre coûte que coûte Saint-Lô alors bombardée.
Bref, à Cabourg, ce film tombait à pic, puisqu’il s’agissait d’un bel hommage, à l’amour, la vie, la musique et même… la Normandie ! Je trouvais une véritable poésie à ce film aussi solide dans sa technique que dans son propos artistique.
Le « piano qui chante »
Côté soirées, le vendredi soir, aux alentours de 22h, au Casino de Cabourg, la spécialité du jour était un buffet géant de cuisine marocaine, avec couscous à volonté et danses du ventre aguicheuses à souhait. A Cabourg, c’est surtout la seconde partie de la soirée, vers minuit, qui vaut son pesant de cacahuètes, j’ai nommé la séance du « piano qui chante ».
Je vous explique le principe : autour du piano du Grand Hôtel, dans le hall d’entré, personnalités et gens de « la vraie vie » se retrouvent (fait assez rare pour un festival !) à pousser la chansonnette, en riant des erreurs de certains ou de l’émotion qui peut soudainement vous prendre à la gorge quand, par exemple, Anne Quéfélec, membre du Jury et brillante pianiste, prend alors les commandes du piano. Cette année, entre autre, Juliette Binoche, Benoit Magimel, le chanteur Raphaël, Emmanuelle Béart, Céline Sallette et l’acteur Raphael Personnaz ont joué le jeu…
Dans ma « Boite à souvenirs »
Le samedi soir, autre temps fort, la cérémonie de clôture, pas forcément accessible aux journalistes de tous poils. En insistant lourdement, j’y ai assisté, dans le souci assez barbare aux yeux du service de presse de « live-tweeter l’événement, » en compagnie d’une autre blogueuse de cinéma. Vraiment surprenant pour une blogueuse de cinéma de… parler cinéma !
Mais oublions, tout cela pour ne retenir que le meilleur, dans notre fameuse « boite à souvenirs » made in Cabourg: il y a eu la rencontre avec une jeune réalisatrice, passionnante, Marie Belhomme, venue présenter ces « Chaises Musicales » dont je vous parlais précédemment (et vous reparlerai bien vite) et son interprète principale, Isabelle Carré, enthousiaste d’évoquer son personnage délicieusement décalé, qui par accident (et quel accident!), se retrouve à prendre « sa place » dans la vie d’un homme qu’elle ne connaît même pas !
Cabourg, c’est aussi le charme de ces discussions furtives et souvent nocturnes avec des artistes tels qu’Emmanuel Mouret, Benoit Magimel, Raphael Personnaz… C’est aussi l’occasion de côtoyer quelques stars comme Emmanuelle Béart ou Juliette Binoche. A tel point, qu’on finit tout naturellement le lendemain par dire bonjour à certains (alors que ces derniers ne nous connaissent « ni d’Ève ni d’Adam »).
Bref, après toutes ces montagnes russes d’émotions en tous genres, il est alors temps de faire ses valises…
Découvrez le palmarès de l’édition 2015 du Festival de Cabourg : http://www.festival-cabourg.