James Norton et le miroir pré-raphaëlite
Rien de tel qu’une journée à Londres, qui plus est ensoleillée ! Seul problème, une journée ça passe très vite ! Tant de choses à voir en ce début d’année à Londres.
La raison officieuse de cette virée : Voir se produire sur scène l’un des comédiens les plus talentueux de sa génération, j’ai bien nommé James Norton (Happy Valley, Guerre & Paix, Grantchester, Mc Mafia).
La raison officielle : Pratiquer mon Anglais !
L’agenda :
-10h (heure locale) : arrivée à Londres, un peu épuisée de ce réveil parisien fort brutal et de la nuisance sonore et olfactive de touristes chinois amateurs de selfies et de pâtes bolognaises fumantes à 9h du matin.
– 11h (heure locale) : arrivée réelle à Londres de l’Eurostar, en retard d’une heure. La bonne nouvelle, c’est que mon billet va m’être en partie remboursé, youpi !
– 12h : Direction la National Gallery, avec en vue l’exposition consacrée à Van Eyck et les peintres pré-raphaëlites*. Pour vous la faire courte, de jeunes copains peintres et romanciers anglais de l’époque (en 1840) sont tombés en pamoison devant les tableaux de Van Eyck, (notamment le portrait d’Arnolfini!) et ont décidé de s’inspirer de la peinture d’avant Raphaël pour explorer un autre univers, proche de la nature, influencé par l’époque médiévale. Superbe époque de création picturale et d’émulation artistique représentée ici à la National Gallery !
– 14h : Direction le Donmar Warehouse (le théâtre où joue James Norton, ma raison officieuse)**. Mes billets en poche, je me lie d’amitié avec Oksana, une quadra prétillante et folle amoureuse de James. Je suis surprise de constater que les autres fans du comédien sont beaucoup plus âgés qu’Oksana et moi-même. Je suis surprise et ravie.
– 14h30 : La pièce commence just on time. Je suis debout « standing » au dernier balcon mais j’ai une vue panoramique de la pièce, des décors, des comédiens. La jauge est petite (250 places maxi) mais n’empêche pas une ferveur palpable du côté du public. James Norton et sa partenaire Imogen Poots composent un jeune couple d’Américains à Paris, en apparence heureux d’y vivre, seulement en apparence !…
– 16h30 : Avec Oksana, on a décidé de faire coucou à James, avec l’autorisation amusée du gars de la sécurité. Bref, on l’attend au chaud, tandis qu’une foule à la sortie du théâtre l’attend également dans le froid, pour un selfie ou un très rapide autographe. Soudain, James Norton apparaît. Puis disparaît (il avait oublié un truc dans sa loge). Puis réapparaît, tout sourire. Je découvre qu’Oksana le connaissait déjà. Elle me présente, la spectatrice parisienne. Tout sourire, je lui parle de mon blog, de Paris. Il avoue lui-même venir souvent à Paris. Il est également tout sourire. Dehors, les fans s’impatientent.
– 17h15 : Direction Fortnum & Mason. A cause du Brexit, je fais des provisions folles de thé (Rose Pouchong, Lapsong Souchong, Alain Souchong, cherchez l’erreur !).
– 17h45 : Toujours à cause du Brexit, je prends un thé et un cheesecake chez Richoux, le so chic salon de thé non loin de Picadilly Circus.
– 18h 15 : Direction la Gare St Pancras, pour reprendre l’Eurostar ! Mince, c’est déjà fini.
Conclusion : Dans la peinture pré-raphaëlite, on note souvent la présence d’un miroir qui vient révéler un autre aspect de perspective du tableau ou qui suggère un ailleurs, une sorte de lieu rêvé.
C’est ce sur quoi avec Oksana et James nous avons discuté (enfin, avec James, c’était surtout de façon imaginaire). Oksana a besoin de s’échapper de Londres pour Paris, comme j’ai besoin de Londres souvent pour m’évader de Paris. Comme James qui avait passé son dernier week-end à Paris.
C’est le principe du miroir pré-raphaëlite. L’herbe est plus verte ailleurs. The grass is always greener on the other side. (Sic).
*Exposition à la National Gallery en ce moment consacrée à Van Eyck et les Pré-Raphaëlites.
**Belleville, Donmar Warehouse, 41 Earlham Street, London. Jusqu’au 3 février 2018.
Le tableau qui illustre mon article est extrait de l’exposition de la National Gallery. Intitulé ‘I am Half-Sick of Shadows, Said the Lady of Shalott’, 1913, par Sidney Meteyard. Droits réservés.