Le public italien le connaît déjà depuis plusieurs années. L’acteur Michele Rosiello, âgé de 33 ans, a en effet démarré sa carrière au cinéma en 2013 dans le dernier film d’Ettore Scola, pour progressivement occuper aussi le petit écran avec des séries italiennes populaires telles que Gomorra, L’Isola di Pietro, La Compagnia del Cigno, Mina Settembre…

Avec la diffusion récente sur Netflix de la série en deux saisons, Guide astrologique des Cœurs brisés (saison 1 & 2), c’est le public international qui le découvre, dans le rôle de Davide Sardi, le charmant et mystérieux boss qui intrigue tant l’héroïne Alice, sorte de Bridget Jones à l’italienne, incarnée par la pétillante Claudia Gusmano.

Magie d’Instagram, Michele Rosiello a accepté avec beaucoup de prévenance ma demande d’interview.

Vous avez commencé votre carrière d’acteur avec Ettore Scola. Qu’avez-vous appris de lui en tant qu’acteur et qu’avez-vous observé sur sa façon de travailler sur le plateau ?

Oui, j’ai eu cette grande chance. Je n’aurais jamais pensé avoir Ettore Scola pour débuter ainsi ma carrière. Ce fut une expérience unique. J’étais très tendu parce que c’était mon premier film. Mais aussi très admiratif et enthousiaste. Il n’y avait pas de distance possible avec un réalisateur tel que lui. Au contraire, il nous a traités, nous jeunes acteurs, presque comme un grand-père avec ses petits-enfants. Au-delà des scènes, il nous a impliqués avec des anecdotes d’un temps passé et avec des mots qui cachaient de précieux conseils.

Qu’est-ce qui vous plaît le plus aujourd’hui dans le fait de jouer ?

Je me demande souvent pourquoi j’ai choisi ce métier. Ceux qui le connaissent mal peuvent croire que tout est beau. Mais ce n’est pas le cas. Un acteur traverse des angoisses et de nombreuses périodes difficiles. Lorsque vous terminez un projet, vous ne savez pas quand ou si vous allez en commencer un autre. Vous ne savez pas si vous rencontrerez de nouveaux collègues et de belles équipes. Vous vivez des heures de travail étranges, victimes du froid ou de la chaleur. Car il arrive de tourner l’été en hiver ou vice versa. Et puis c’est un travail qui vous oblige constamment à creuser à l’intérieur de vous-même et à accepter vos peurs et vos émotions.

Je n’ai pas choisi ce métier, je l’ai abordé de manière naturelle. Mais j’ai choisi de soutenir cette passion et d’étudier, de faire de mon mieux pour réussir. C’est probablement arrivé parce que je n’ai jamais trouvé une adhésion totale à la réalité, je me suis souvent réfugié dans mon imagination en inventant des histoires et des personnages. Et le jeu d’acteur vous permet cela : vivre plus de vies, même pour de courtes périodes. Il vous permet de jouer.

Il faut être professionnel et se prendre au sérieux, sans jamais oublier qu’après tout c’est un jeu.

Le personnage de Davide Sardi observe et écoute beaucoup mais parle peu.

Dans la série Netflix Guide astrologique des Cœurs brisés, vous interprétez Davide Sardi, qui dans son écriture ressemble beaucoup au personnage de Darcy (Bridget Jones’ Diary). Quelle en est pourtant sa singularité ?

Je ne sais pas si les scénaristes ont été réellement inspirés par le personnage de Colin Firth. Mais il y a sûrement des traits communs, même certaines situations.

Je pense au moment où Mark lit le journal de Bridget, où elle dit du mal de lui. Ce qui arrive aussi à David quand il écoute les messages qu’Alice a laissés dans le téléphone d’Enrico. Et aussi pour David et Alice, la phrase « Je t’aime comme tu es » s’applique.

Mais dans Davide, il y a aussi une pincée de Daniel, le personnage de Hugh Grant. Ou plutôt, David ressemble d’abord un peu à Daniel aux yeux d’Alice. Ensuite, nous découvrons que ce n’est pas le cas.

Bref, il m’est arrivé de revoir « Bridget Jones’ Diary » avant de commencer à tourner cette série, mais je n’ai pas pensé à Mark Darcy ou à quelqu’un d’autre pour le préparer.

C’est-à-dire ?

Davide Sardi a une histoire personnelle très claire et il suffisait de travailler là-dessus et sur la relation avec Alice pour construire le personnage. C’est un homme déterminé au travail mais aussi avec une sensibilité évidente. Il fallait observer, écouter beaucoup et parler peu, comme il le dit lui-même : « Observez les gens, en silence ». Et ça fonctionne de la même façon.

En apparence résolu, il cache une forte douleur. Et c’est précisément pour cette raison qu’il s’enfuit lorsque sa sphère la plus intime est touchée.

Mais il y a une limite à tout et la rencontre avec Alice fait partie de celles qui vont être pour lui irréversibles.

Davide Sardi est-il un rôle difficile à jouer à cause de son silence, de sa réserve ou du mystère qu’il véhicule ?

Oui, pour moi, c’était très difficile, surtout dans la première saison. Dans de nombreuses scènes, David était presque silencieux, écoutant et observant principalement. Donc, ne pouvant pas me réfugier dans les mots, je devais être clair sur tout ce qui se passait. J’ai travaillé à plusieurs niveaux, car ce que vous dites ne coïncide pas toujours avec ce que vous ressentez, avec ce que vous faites et avec ce que vous pensez. Et, il est arrivé que dans un simple regard, je doive mettre un ensemble de choses, en contraste apparent les unes avec les autres. J’espère avoir réussi! (Rires).

Ce qui me rend le plus heureux, c’est que les gens se divertissent et s’émeuvent avec nous. Et je crois qu’en fin de compte, c’est notre « mission ».

Comment avez-vous vécu le tournage de la série à Paris ? Avez-vous une belle anecdote à partager? 
Je dois avouer que je n’étais jamais allé à Paris. J’en ai donc profité et je suis allé quelques jours avant pour faire connaissance de la ville avec ma copine. Et je dois dire que j’ai trouvé beaucoup plus qu’une ville romantique. Je le recommande donc pas seulement pour les couples! Et une des plus belles choses qui nous soit arrivée, c’était d’avoir le téléphone déchargé et de se perdre dans les rues de la ville.

Une petite anecdote concerne les températures. C’était en août et ma valise était définitivement estivale. Je n’avais pas vérifié la météo et j’ai donc beaucoup souffert du froid! A propos du tournage, nous avons passé un bon moment, c’était comme un voyage scolaire!

Et comme nous avions tellement de choses à filmer en quelques jours, nous avons donc beaucoup marché (un peu comme Alice dans la série) !

Cette série est diffusée sur Netflix ce qui lui donne une couverture internationale, qu’en pensez-vous en ce moment ?

Je ne pense pas qu’il pourrait y avoir d’autre producteur que Netflix pour ce projet. C’est une histoire locale (italienne), mais extrêmement mondiale. Et en fait, nous obtenons une popularité incroyable à l’étranger.

Je savais que nous allions être diffusés partout dans le monde, mais ce n’est qu’après la sortie de la série télévisée et son succès que j’ai compris ce que cela signifiait.

Je reçois des messages de n’importe quel pays, même les plus impensables. Et ça me semble quand même étrange de donner des interviews pour l’Amérique du Sud ou d’être ici maintenant à vous parler ! (Rires)

Mais ce qui me rend le plus heureux, c’est que les gens se divertissent et s’émeuvent avec nous. Et je crois qu’en fin de compte, c’est notre « mission ».

De plus, dans une période difficile et absurde comme celle-ci, les plus beaux messages sont précisément ceux où ils nous remercient d’être agréablement distraits et détachés de la réalité pendant quelques heures.

Puisque la série est sur Netflix, avez-vous déjà reçu des offres internationales pour travailler ?

Pour l’instant personne ne m’a envoyé de script à la maison ! (Rires) Mais certainement, j’ai ajouté une pièce importante à ma carrière et plus de réalisateurs et de directeurs de casting me reconnaissent. En Italie, mais surtout à l’étranger.

Avez-vous de nouveaux projets à venir ?

En ce moment, je suis occupé par deux tournages : la deuxième saison de la série télévisée Rai « Mina Settembre », dont la sortie est prévue à l’automne, et un nouveau projet très particulier dont je ne peux encore rien dire. (Rires). Merci de votre compréhension !

En guise de conclusion, trois adjectifs pour vous définir ?

Moi? Michele ? Ok, responsable.. optimiste (j’essaie toujours de voir le verre à moitié plein).. et romantique! Oui, je pense que j’ai une âme romantique… d’un autre temps ! (Rires).

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