C’est un projet que le comédien Maxime d’Aboville porte en lui depuis longtemps : utiliser sur scène ce prodigieux matériau théâtral unique que représentent les entretiens de Michel Bouquet et Charles Berling, publiés sous le recueil « Les Joueurs » aux éditions Grasset. Le 18 février dernier au Théâtre Hébertot était organisée une lecture, en présence de Michel Bouquet.

Devant un parterre bien rempli d’amis et de gens du métier, Maxime d’Aboville a tôt fait de délaisser ses feuilles de texte pour s’approprier véritablement ce texte si riche et si mordant sur le parcours de comédien de Michel Bouquet.

Un format théâtral inédit

Le format de l’entretien permet à Maxime d’Aboville de s’adresser à son public, de l’interpeller (une forme de jeu qu’il a déjà expérimenté avec réussite sur son spectacle « Une Leçon d’Histoire de France ». L’exercice est rythmé, ludique, vivant et ressemble très naturellement à une conversation privée que chacun d’entre nous pourrait avoir avec le Maître (c’est comme ça que le métier surnomme Michel Bouquet).

Pêle-mêle, Michel Bouquet évoque son enfance, la figure de son propre père absent qui l’a tant marqué, sa rencontre déterminante avec le comédien-sociétaire Maurice Escande qui lui dispensera ses premiers cours de théâtre, ses souvenirs rocambolesques de tournage, etc.

Une conception du métier vivifiante

Ce que nous retenons de ce saisissant témoignage « métier », c’est toute la modestie et l’acuité du comédien vis-à-vis de son « devoir » de comédien. Le choix du titre de ce spectacle « Je ne suis pas Michel Bouquet », n’est en cela pas anodin.

L’individu Michel Bouquet s’efface entièrement devant son personnage. Ce dernier l’aspire entièrement, l’accompagnant sur scène et hors-scène. Une quête exigeante vis-à-vis de soi et sans concession qui a de quoi fasciner. C’est ce qui explique peut-être aussi un peu mieux le sel du jeu de Michel Bouquet : son immense intériorité.

Un véritable témoignage de vie

Véritable pépite de théâtre, « Je ne suis pas Michel Bouquet » ne s’adresse pas uniquement aux comédiens et passionnés inconditionnels de cinéma et de théâtre. La forte dimension humaine qui s’en dégage, l’ironie mordante de certains propos mâtinés de tendresse composent un témoignage de vie singulier.

Au salut, sous les applaudissements nourris, Michel Bouquet, ému, ne fait pas de discours mais remercie simplement et chaleureusement Maxime d’Aboville.

Souhaitons à ce spectacle d’exister très prochainement sur la scène d’un théâtre afin que le plus grand nombre puisse expérimenter à son tour ce très beau travail de transmission et de jeu.

Je ne suis pas Michel Bouquet

De Michel Bouquet et Charles Berling

Adapté par Maxime d’Aboville

Avec Maxime d’Aboville

Crédits photo : Laura Gilli

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Maxime d'Aboville joue actuellement au Théâtre des Mathurins 
chaque dimanche, à 16h et 17h30, les deux volets de 
Une leçon d'histoire de France de l'an mil à Jeanne d'Arc et de 1515 
au Roi Soleil. 
Réservation : 01 42 65 90 00.