La semaine dernière, un mercredi, pour être très précis, avant la rituelle présentation de saison publique salle Richelieu, Eric Ruf s’est adressé aux collectivités pour évoquer sa cinquième saison en tant qu’administrateur de la maison de Molière. Dans les lustres et la proximité que permet la belle salle Mounet-Sully.

Cette nouvelle saison imprimera un peu plus encore le style d’Eric Ruf (une connaissance passionnée et pratique du théâtre doublée d’une grande exigence artistique). Ainsi et c’est un exploit, Thomas Ostermeier, qui refusait jusqu’ici le célèbre plateau du Français, mettra en scène La Nuit des Rois ou tout ce que vous voulez de Shakespeare. « J’ai pris le temps de m’adresser à lui. Je lui ai écrit, à plusieurs reprises. Ostermeier (comme Van Hove) a compris que j’étais plus dans une démarche artistique que de production. »

Cette saison permettra aussi de faire revenir Ivo Van Hove à la fois dans la reprise des Damnés de Visconti (qui fit sensation en Avignon et salle Richelieu) mais aussi dans la création d’Electre / Oreste d’un certain… Euripide ! Les Damnés poursuivra sa tournée internationale (au programme: après New York, cet été, Londres et Anvers !). A noter que pour la première fois de l’histoire du Français, la troupe jouera en Grèce, Electre/ Oreste lors du Festival d’Epidaure en juillet 2019. Dans l’espace, comme dans le temps, la Maison de Molière rend un hommage vibrant au théâtre et à ses origines.

Les amateurs de comédie et de classiques ne seront pas en reste avec les reprises des Fourberies de Scapin, L’Hôtel du Libre-échange, salle Richelieu, Il faut qu’une porte soit ouverte ou fermée de Musset au Studio Théâtre…

L’univers du cinéma (et notamment celui d’Ingmar Bergman) viendra titiller nos rêves avec l’adaptation de Fanny et Alexandre que Julie Deliquet (Oncle Vania) mettra en scène, salle Richelieu.

Eric Ruf s’inspire ainsi des talents du passé, d’Europe, du présent, du cinéma mais aussi du travail des jeunes talents du Conservatoire, qu’il vient souvent visiter. Ainsi, au Vieux Colombier, sera joué Les Oubliés, Alger-Paris, un spectacle de sortie du Cons’ sur la fin de la guerre d’Algérie, mis en scène par « ces jeunes femmes aimant tant revisiter leur histoire », Julie Bertin et Jade Herbulot.

Pour renouer avec notre âme d’enfant, de belles créations se préparent: La Petite Sirène du conte d’Andersen, confiée à la pétillante Géraldine Martineau, Construire un feu de Jack London par Marc Lainé et la reprise de 20 000 lieues sous les mers d’après Jules Verne.

On attend aussi avec impatience La Locandiera, mise en scène par Alain Françon et dont la présentation au public fut reportée du fait de la récente grève, à octobre prochain.

Eric Ruf se fait également personnellement plaisir en mettant en scène La Vie de Galilée de Brecht. Il raconte ainsi comment l’idée de monter ce spectacle lui est venue à l’esprit: c’est en écoutant, involontairement, une émission de radio sur les « fake news » qui interrogeait notre propension à les croire. Galilée, ce personnage de savant extraordinaire, complexe, capable de mettre en danger sa propre famille, sera incarné par Hervé Pierre, salle Richelieu.

Le public pourra poursuivre ses rencontres avec les membres de la troupe (notamment grâce au Grenier des acteurs, dans la coupole du Français où des textes seront lus ; mais aussi lors de rencontres au Studio Théâtre). A noter, au Studio Théâtre, notamment que le comédien et sociétaire Loïc Corbery va revisiter Hamlet, non sans malice et appétit. Il a fait cette proposition à Eric Ruf ainsi: « Je n’ai jamais joué Hamlet et je sens qu’avec le temps passant, je ne le jouerai pas ». Hamlet – à part n’est autre que son aparté sur l’immense héros de Shakespeare.

Enfin la plupart de ces grands rendez-vous sera retransmise et rediffusée au cinéma, grâce à la poursuite du partenariat avec Pathé.

Plus radieuse que jamais, la Comédie Française d’Eric Ruf, se déguste sur ses célèbres planches parisiennes, au cinéma, en tournée, en France comme à l’international, avec des propositions de plus en plus éclectiques, qui devraient satisfaire les puristes comme le grand public, les enfants comme les parents. Alors, vite, tous au Français ! La messe est dite.

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