Comme une évidence, de sa sortie d’école du scénario (le CEEA) en 2007, « où je portais déjà en moi des bribes de cette histoire », Marie Belhomme écrit Les Chaises Musicales, en même temps que ses premières histoires pour la télévision. « Je ne fais pas vraiment de distinguo entre écrire pour le cinéma et écrire pour la télévision. Pour moi, cela revient toujours à écrire une histoire et cela reste quelque chose de très artisanal. »

En 2010, son scénario est sélectionné au Festival international des Scénaristes de Valence. Elle y rencontre Michel Leclerc (Le Nom des Gens, Télé Gaucho) qui intervient en tant que consultant sur son scénario. Le développement prend un peu plus de temps mais pour Marie Belhomme, tout est affaire de savoir trouver sa place, entouré par les bonnes personnes, au bon moment.

Ainsi, comme une évidence (une fois de plus!), en 2014, Marie Belhomme, réalise son propre film : « Au fond, je voulais que ce film reste sincère dans sa démarche, et finalement cela n’aurait pu être quelqu’un d’autre que moi pour le réaliser. »

Le film touche la comédienne Isabelle Carré qui s’investit à fond : « J’ai eu une chance incroyable d’avoir cette actrice tellement généreuse, forte de propositions et qui en même temps respectait le texte écrit. Elle a des côtés de Perrine, son personnage, dans sa générosité, son humanité, ses doutes aussi. Trois mois avant le tournage, elle a pris des leçons de violon pour tourner ces scènes délicieusement décalées dans cette maison de retraite. »

Marie Belhomme avoue ainsi avoir vécu sur le tournage une forme de symbiose avec son actrice et son approche du personnage : « son investissement, son envie, la sincérité qu’elle y a mis, c’était assez idéal. »

Le personnage de Perrine est cette presque quadra, « qui n’a pas le sens des responsabilités, qui n’a pas encore trouvé sa place, cette grande enfant va dans le film grandir, apprendre à s’assumer et à s’aimer ». Dans l’écriture du scénario, Marie Belhomme reconnaît d’emblée que tout est parti de ce personnage décalé, « assez proche de ce que je suis » dixit la scénariste, tout sourire. « C’est vraiment parti de ce personnage qui ne se sent à sa place nulle part, souvent traversé par le doute. Je suis moi-même quelqu’un qui doute beaucoup. »

L’inconscient a beaucoup joué aussi dans l’écriture de ce scénario : « Il y a une chose qui m’est revenue, il y a peu de temps. Ma mère avait renversé un petit garçon à vélo (il n’avait pas grand-chose) mais elle avait été tellement choquée qu’elle appelait la famille tout le temps, faisait des cadeaux au petit garçon et devenait finalement un vrai boulet, en étant trop présente. Mais cette anecdote, je l’avais totalement occultée en écrivant le script. »

Le personnage de Perrine semble laisser quelques séquelles dans les projets actuels de la scénariste : « C’est drôle mais au fond le moteur de mes histoires, c’est toujours ce sentiment de culpabilité d’être là ».

D’ailleurs, à bien y regarder, cette thématique de « trouver sa place », cette « chaise musicale », nous la vivons tous au quotidien, au métro, au boulot, au dodo y compris dans le microcosme d’un festival comme celui de Cabourg. De conclure, Marie Belhomme cite Seinfeld : « Notre seul objectif quand on se lève dans la journée, c’est de s’asseoir. »