Rencontre avec Renato Bianchi, maître du costume à la Comédie Française
C’est dans le cadre du « Grenier des Maîtres », rendez-vous animé par le conseiller littéraire Laurent Muhleisen, le 23 janvier dernier, à la Coupole du Français que nous avons eu l’occasion d’écouter Renato Bianchi parler de son travail de costumier, avec ferveur, évidemment.
Arrivé à l’âge de neuf ans à Paris, Renato Bianchi est entré à 21 ans à la Comédie Française, en 1965, après avoir suivi une première formation dans une maison de couture. « Je me suis échappé de cette école professionnelle. Je souhaitais avant tout me diriger vers le théâtre car il me permettait de me libérer de cet artisanat. »
Avant d’entrer officiellement en religion (c’est à dire à la Comédie Française, ndlr), il travaille pendant un an dans un atelier sur les costumes de la prochaine production du Français de l’époque, Cyrano (avec Jean Piat). Dès cette première expérience, il s’interroge sur la question de la convention de l’époque : « Comment arriver à quelque chose de beaucoup plus réaliste et poétique à la fois ? »
Encouragé par des comédiens comme Jean-Luc Boutté, il cherche à concevoir des costumes historiques sur des corps résolument modernes. « On a commencé à travailler sur des toiles, comme en peinture, fait des esquisses sur du lin pour dégager une attitude, un look. On n’avait pas accès à des documents d’archives à l’époque. Je recherchais aussi la matière adaptée aux costumes, la couleur important également beaucoup, selon moi.
« Mon métier, c’est savoir interpréter et faire évoluer mon art. »
Avant la venue de Pierre Dux à l’administration du Français, il y avait uniquement un poste de directeur des décors et des costumes. Le poste s’est alors scindé en deux. Le costume s’est séparé des décors pour appartenir pleinement à la mise en scène. Il s’est libéré pour un corps plus souple.
En 1989, Renato Bianchi est nommé pour diriger pleinement le département Costumes. Chef des Ateliers, il a travaillé à faire changer le conformisme. Avec Les Fausses Confidences (mise en scène de Jean-Pierre Miquel, 1996), j’ai essayé de proposer des choses intuitivement, certains costumes faisant penser à ceux du XVIII et d’autres du XIXème siècle. Avec Jacques Lassalle (« que j’aimais beaucoup titiller »), le costume a pleinement sa réalité. Avec Valère Novarina (pour L’Espace Furieux) qui voulait des costumes siciliens, je lui ai finalement proposé quelque chose de plus abstrait. »
Perfectionniste (le secret des grands), Renato Bianchi, cette âme cultivée qui cherche toujours à surprendre, reste persuadé que le meilleur spectacle est le prochain. Il a participé notamment aux costumes de la nouvelle production de Lars Norén « Poussière » (la première tant attendue aura lieu le 10 février 2018, salle Richelieu). « Lars Norén aimait comment j’étais moi-même habillé. Il cherchait des costumes qui ne ressemblait pas à des costumes. »
Et de conclure, Renato Bianchi ajoute : « Le style, c’est une maison et celui qui appartient à la Comédie Française, c’est le bel ouvrage, pensé, raisonné. »
Crédits Photo Esprit Paillettes