Rentrée théâtrale 2010 : La Parisienne
La Parisienne, signée Henri Becque, avait fait couler beaucoup d’encre en 1885. Comment ne pas être choqué alors par la vie dissolue de cette femme du monde (ici interprétée avec beaucoup de grâce et d’énergie par Barbara Schulz) qui collectionne les amants autant que les chapeaux ? Didier Long a choisi le théâtre Montparnasse, fidèle à cette pièce et son auteur pour défendre la profonde modernité du propos…
Après Paroles et guérison, joué l’année dernière, Barbara Schulz investit à nouveau les planches du Théâtre Montparnasse. Elle a choisi un texte singulier, La Parisienne, d’Henri Becque, datant de la fin du XIX° siècle et potassé par toutes les écoles de théâtre dignes de ce nom.
Mais le fait est que le public du XXI° siècle a oublié cette pièce, et peut-être à raison, puisque le sujet, s’il a pu choquer ses contemporains, fait doucement sourire les spectatrices de 2010, issues de la génération Sex and the City où l’homme se consomme de la même façon qu’une nouvelle pair de chaussures ou un cocktail.
La Parisienne de Becque est donc cette femme tellement libérée des conventions sociales (malgré son rang de bourgeoise et de femme mariée, elle s’autorise en effet une sacrée collection d’amants) qu’elle se découvre perdue, et prête à renouer avec son premier amant (Jérôme Kircher).
CE PORTRAIT TERNI
Or il ne se passe pas grand-chose de plus dans cette intrigue qui a pour décor la confortable et hypocrite bourgeoisie parisienne. Pour seuls rebondissements, il y a les entrées en coup de vent de l’amant jaloux et martyrisé par l’héroïne et ses sorties tout aussi fracassantes.
Si Barbara Schulz souligne toute la complexité de son personnage avec beaucoup d’intelligence, il est dommage que son partenaire, Jérôme Kircher joue autant la corde de l’impétuosité, de cette émotion constamment prête à éclater. Autour d’eux, la galerie de personnages est assez limitée (la bonne, le mari, l’amant rival).
On ne s’ennuie pas vraiment non plus : il faut dire qu’il y a de jolies choses à regarder et à entendre. Le reflet sur le miroir de Barbara Schulz se déshabillant, le tout éclairé à la bougie. Une peinture vivante de la femme du monde du XIX° siècle, qui a besoin du secours de sa bonne pour retirer son corset. La beauté des costumes, l’aspect cinglant de certaines répliques…
La mise en scène de Didier Long tente ici de redorer le blason de cette pièce un peu vieillotte. Parfois le miroir du passé tendu à notre présent nous laisse indifférents. Les mystères de la réception d’une pièce, d’une époque à l’autre, sont impénétrables.
La Parisienne
D’Henri Becque
Mise en scène de Didier Long
Avec Barbara Schulz, Jérôme Kircher…
Théâtre Montparnasse
Crédits photos: LOT.