Richard Bohringer : Ecris-leur ton cœur
C’est un moment très fort que j’ai vécu hier au Théâtre de l’Atelier. A l’image de la sincérité si touchante de Richard Bohringer, je vais essayer, humblement de vous partager la mienne. La lecture-spectacle de l’acteur tant aimé de tous, est plus que ça. Peut-être parce qu’il a été concocté avec amour par sa fille Romane, présente à ses côtés, comme toujours, ici en coulisses.
On le voit arriver sur la scène si intime et chaleureuse du Théâtre de l’Atelier, si beau, si fort et si fragile à la fois, accompagné tendrement par sa fille : « J’ai rêvé ça pour lui… Qu’il retrouve les gens qui l’aiment. Et vous êtes là, merci. ». Elle a préparé avant devant nous son arrivée : de grands draps derrière cette simple chaise, liseuse et table où une carafe d’eau et un verre jouxteront le lecteur-interprète. C’est simple, c’est émouvant, c’est la signature des Bohringer, père et fille.
Le rideau blanc s’anime. Le nom des chapitres s’égrènent sur le rythme d’une machine à écrire, des image très belles défileront tout le long. On est au théâtre, on est au cinéma. Entre les deux, le cœur de Bohringer a toujours balancé. Mais ce serait le réduire à tant d’autres espaces de création qu’il a exploré, tant de gens, de milieux, de pays, de cultures différents qu’il a rencontré.
« Faut faire ventre à ventre avec les mots »
Car on oublie de le dire trop souvent mais Richard Bohringer est avant tout un grand aventurier… de mots. Un vrai écrivain, à part entière. Un vrai poète, au sens fort. Et sa poésie, est comme la sculpture qu’il a aussi exploré : ces mots qu’il nous transmet avec tant de vérité, il les a façonné, il les a affronté, il les a respiré, il les a vécu. Ici, il les partage avec toute sa générosité. Il les dit avec force, prend le temps de nous les faire entendre, de nous les faire goûter.
Ces « quinze rounds », c’est sa vie qu’il expose et semble revivre avec nous, comme un match de boxe et de déclaration d’amour à la fois : de son enfance solitaire avec sa mamie, à ses premières frasques à Saint-Germain-des-Prés, de son addiction à l’alcool puis à l’héroïne, de sa vie qui bascule grâce au cinéma, aux voyages, à sa rencontre avec Marguerite, la mère de Romane puis à toutes ces femmes qu’il a tant aimées, à tous ces grands hommes qui l’ont inspiré, accompagné tout au long de son parcours d’artiste.
Les dernières minutes sont un vrai uppercut pour moi qui aime tant me plonger dans l’écriture.
« Faut une sérieuse paire de hanches pour écrire. Faut faire ventre à ventre avec les mots. Te tasse pas, lève la tête, prends la page dans le museau. Aime-là cette putain de de page blanche. (…) Swingue vieux frère, t’occupe pas des signaux, mets du charbon. Swingue sur ta chaise de bois. Ecris-leur ton cœur. »
Quinze rounds Richard Bohringer Mise en scène de Romane Bohringer Du 17 octobre au 12 novembre 2O représentations exceptionnelles Mardis, mercredi, vendredi, et samedi à 19h, le dimanche à 15h. Durée : 1h Et à 21h, Le Bel Indifférent de Cocteau, Avec Romane Bohringer et Tristan Sagon Mise en scène de Christophe Perton (qui a accompagné les Bohringer dans ce projet) : du 11 octobre au 12 novembre à 21h du mardi au samedi et le dimanche à 17h. Réservation sur place et par téléphone : 01 46 06 49 24