Un savoureux film noir… au théâtre !
Quel bonheur que de plonger au théâtre dans l’univers d’un polar, de celui qui, au cinéma nous a tant régalé ! Il s’agit bien sûr ici de « Quai des Orfèvres – Légitime défense », roman de Stanislas André-Steeman qui l’a lui-même adapté au théâtre. Le grand public connaît surtout sa version cinématographique par Henri-Georges Clouzot en 1947. Au Petit-Montparnasse, ce huis-clos haletant, astucieusement mis en scène par Raphaëlle Lémann est à savourer d’urgence.
Dans le Paris de la fin des années 40, un célèbre mécène, collectionneur d’art est retrouvé assassiné. Et c’est chez le peintre Noël Martin et de sa femme Belle, amis de la victime que cette intrigue policière va se déployer.
Décors, costumes, lumières et fond sonore, tout y est pour plonger le spectateur dans cette atmosphère de film noir unique et dans cet atelier de peintre, au dernier étage d’un immeuble parisien du XVIème arrondissement. Des lumières du jour puis de la nuit qui filtrent de cette baie vitrée ouverte vers la ville, sans jamais la montrer, le spectateur apprécie ce format de huis clos où petit à petit les pièces du puzzle s’assemblent sous ses yeux.
La quête de la vérité, implacable dans sa marche, s’incarne parfaitement en la personne du commissaire Maria, chargé de l’enquête. De la simple prise de renseignements à la présence la plus insistante qu’il soit, ce dernier investit les lieux, comme un chat maître en son royaume. De quoi mettre le jeune peintre dans tous ses états. N’a-t’il pas lui-même quelque chose à se reprocher ?
Film noir et plaisir coupable de spectateur
La mise en scène de Raphaëlle Lémann (qui joue aussi le personnage de Belle) est autant précise que léchée. Elle s’inspire de l’univers cinématographique de Clouzot tout en s’en affranchissant également afin de faire de cette histoire, un véritable objet théâtral.
Ainsi, alors que le suspense continue de se faire ressentir, les comédiens ont la part belle pour révéler toute la complexité de leurs personnages face à ce crime, leur implication ou non et leurs enjeux pour ne pas se « faire prendre ».
Un vrai jeu de chat et de souris qui ravit le spectateur, projeté dans ce Paris bourgeois des années 40, à l’abri des regards. Mais à l’abri, vraiment ?
Un vrai moment de plaisir coupable théâtral face à ce travail… d’orfèvre, justement !
Quai des Orfèvres – Légitime défense De Stanislas-André Steeman Mise en scène de Raphaëlle Lémann Avec François Nambot, Bertrand Mounier, Malvina Morisseau, Raphaëlle Lémann et Philippe Pérussel Petit Montparnasse Du mardi au samedi à 19h – matinée dimanche à 17h Réservation : 01 43 22 77 74