Théâtre : Au pied de la montagne noire
C’est dans la cour du château de Flandry, entouré des vignes qui produisent la fameuse et pétillante « blanquette de Limoux », au coucher du soleil, que nous a été donné de voir et entendre le très joli texte de Régis de Matrin-Donos, dans le cadre du Festival NAVA de Limoux.
Au pied de la montagne noire a été écrit et mis en scène par un auteur et metteur en scène bien connu des Limouxins, par sa fidélité à la programmation du Festival et le déploiement d’année en année de son talent.
Cette fable éminemment contemporaine prend place non loin de cette Montagne noire que les Limouxins connaissent bien. Elle nous est racontée dans cette heure magique où le soleil se décline sous la forme d’une « lecture-spectacle », format exigé par le festival depuis sa création, il y a déjà 20 ans par Jean-Marie Besset.
Le récit débute avec le très beau morceau de Philip Glass, Glassworks : I. Opening qui nous plonge d’emblée dans le drame, la poésie et la rêverie mélancolique.
Au centre de ce drame, non dénué d’humour, il y a Camille, cette jeune femme au sortir de l’adolescence, qui vit chez sa mère (Anne Benoit, magnifique), élève en secret des chardonnerets, vend ses culottes sales sur Internet pour « les détraqués sexuels » (Sic !). C’est un personnage surprenant, en perpétuelle rébellion envers la société qui l’entoure, dans cette torsion psychologique permanente que la comédienne Paola Valentin parvient de façon saisissante à transmettre.
Une vision sombre et éclairante à la fois de notre société
Paul, le livreur qui la rencontre est presque écrit en contrepoint. Il n’est pas sans rappeler les personnages d’anges solaires de Cocteau venus apporter réconfort aux « misérables », aux « petites gens » dont font partie les personnages de ce récit. Valentin de Carbonnières apporte à ce personnage tout en nuances l’originalité de ce message sincère de candeur et de bienveillance.
La mère de Camille, dévouée entièrement à sa fille et à son travail n’a plus de vie à elle. Brusque et maladroite, elle voue une secrète admiration pour sa fille, prête à donner sa vie pour sa lutte contre la maltraitance animale.
Ouverte et généreuse, malgré ses faibles revenus, elle accueille sans hésiter chez elle, ce prêtre venu d’Afrique (Assane Timbo superbe dans l’écoute bienveillante qu’il cherche à procurer à ses interlocuteurs).
Ces quatre personnages incarnent avec réalisme et poésie à la fois notre société actuelle totalement éclatée : une jeunesse inquiète pour son avenir mais engagée, une famille en souffrance mais aux liens plus puissants qu’on ne pourrait l’imaginer, un amour pur qui donne des ailes, une religion qui peut se montrer humaniste, à l’écoute de ses contemporains, comme un rempart.
Il y a des ténèbres dans ce récit mais aussi de très belles éclaircies. Et chaque spectateur pourra interpréter ce dénouement libre dont nous avons ici retenu la lumière.
Ma chronique sur le Festival NAVA 2020 !
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La 20ème édition du Festival #NAVA s’est achevée le samedi 1er août.
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Au pied de la montagne noire Ecrit et mise en espace par Régis de Martrin-Donos Avec Anne Benoit, Valentin de Carbonnières, Assane Timbo, Paola Valentin